De 2011 à 2015, le gouvernement guinéen et son opposition se sont retrouvés par quatre fois pour parler du processus électoral. En effet, chaque cadre de dialogue a son contexte, ses thèmes, ses participants, ses facilitateurs, ses conclusions et ses ratés. Pour mieux informer l’opinion, Guinéenews sort ses archives du tiroir pour la postérité.

S’il y a des similitudes, c’est simplement au niveau du cadre de dialogue. De 2011 à 2015, toutes les tractations initiées ont eu pour cadre la salle des Actes du palais du peuple.

Excepté le premier, qui s’est tenu du 27 décembre 2011 au 22 février 2012, tous les trois autres ont été organisés en juin. Le deuxième dialogue s’est déroulé, par exemple, en deux étapes. Du 5 au 9 juin 2013 d’un côté, et de l’autre du 2 au 3 juillet 2013. Quant au troisième dialogue, il s’est tenu en juin 2014 et le quatrième en juin 2015.

Concernant la médiation, elle a changé d’un dialogue à l’autre. En 2012, le premier cadre a été piloté par un panel de facilitation composé de six religieux, que dirigeait Mgr David Albert Gomez, ancien vice-président du Conseil national de la transition (CNT). En plein débat, le sixième, l’ancien diplomate Rafiou Barry, finira par rendre le tablier.

En 2013, le dialogue inter-guinéen, présidé par le ministre des Affaires étrangères, Loucény Fall, était placé sous l’égide de la communauté internationale à travers Saïd Djinnit épaulé par deux facilitateurs, Elhadj Aboubacar Somparé et le Pr Salifou Sylla.

Quant aux dialogues suivants, ils sont placés sous la conduite du ministre d’Etat de la justice, Me Cheick Sacko. Mais à la différence du troisième, l’émissaire onusien est invité à titre de simple observateur au dialogue en cours tout comme la société civile.

S’agissant des conclusions, les quatre dialogues successifs se sont soldés par des fortunes diverses. Pour maints observateurs, le premier dialogue a échoué parce que, dit-on, la présidence n’a donné aucune suite au rapport final issu des discussions. En plus, faute de compromis autour de la table, le panel s’est contenté de noter les points de divergence et de convergence dans un rapport sans aucun suivi.

Contrairement aux religieux, au deuxième dialogue politique inter-guinéen, le facilitateur onusien, l’Algérien Saïd Djinnit, a eu le mérite de faire signer l’accord global du 3 juillet 2013, lequel a permis la tenue du scrutin législatif de septembre 2013.

Comme le premier, le troisième dialogue guinéen a échoué pour maints analystes en raison de la non-signature du relevé de conclusions ayant sanctionné les débats au palais.

S’agissant des thèmes, les revendications varient d’un cadre de concertation à l’autre. En débat, la classe politique était fortement divisée autour de l’organisation des élections législatives prévues six mois après la présidentielle. Entre autres griefs, la refonte de la CENI, la reprise du fichier électoral et la dissolution des délégations spéciales….

Au deuxième dialogue, le débat portait sur l’opérateur technique et le fichier électoral, le fonctionnement de la CENI, le vote des Guinéens de l’extérieur et le calendrier des législatives.

En juin 2014, le débat était axé sur cinq points : évaluation de l’accord du 3 juillet 2013, choix de l’opérateur technique par appel d’offres international, organisation des communales, neutralité de l’administration, poursuite des présumés auteurs des violences.

En juin 2015, l’ordre du jour porte sur neuf points : le fichier électoral, les délégations spéciales, le calendrier des communales, le compte-rendu des activités de la CENI, la réforme de la CENI, la poursuite des auteurs des violences politiques, l’indemnisation des victimes, la neutralité de l’administration et la surveillance des élections.

Dernier point, c’est la composition des groupes participants. Au premier dialogue, la bataille était rude à la porte de la salle des Actes entre l’opposition, la mouvance et les centristes. Après sa confirmation, le panel de facilitation a finalement retenu l’option mouvance-opposition-centre pour ouvrir les discussions en février 2012. Il a fallu recourir au vote pour départager l’opposition, les centristes et les partis-satellites.

Depuis, ce problème est définitivement réglé au fil des cadres de concertation. Au troisième dialogue, par exemple, tout le monde est tombé d’accord que seuls les signataires de l’accord global du 3 juillet 2013 sont invités à prendre part aux discussions.

Fait inédit, des leaders comme l’ancien premier ministre Jean Marie Doré, qui courtisait la mouvance ou l’opposition selon les circonstances, est absent de la salle en 2015.

Dernier détail, de 2011 jusqu’à 2015, le gouvernement guinéen a ouvert les discussions après les multiples manifestations de rue ou le retrait de l’opposition aux travaux de l’Assemblée nationale, ou en cédant aux injonctions de la communauté internationale.

En attendant les conclusions de ce quatrième dialogue, les guinéens croisent les doigts.