e fichier, la CENI, les délégations spéciales, le chronogramme, la menace de reprise des manifs, le président du groupe parlementaire de la majorité, Amadou Damaro à bâtons rompus sur Guinéenews©.

Guinéenews© : En l’absence de l’opposition, un accord d’étape a été paraphé le vendredi 3 juillet par la mouvance, la société civile et la communauté internationale dans le cadre du dialogue politique. Dites-nous sur quoi cet accord d’étape porte ?

Amadou Damaro Camaro : J’avoue que la société civile et la communauté internationale avaient jugé qu’il fallait, après 15 jours de travaux, résumer les différents points qui ont été discutés et faire une proposition d’accord d’étape. Si nous prenons tous les points inscrits à l’ordre du jour notamment le fichier électoral, elles ont fait une proposition de participation de part et d’autre pour mettre chacune des parties en confiance. Ce qui a été accepté ou du moins qui est acceptable. Un comité avait été mis sur pied à cet effet. Ce comité était composé d’experts de l’opposition, de la société civile, de la mouvance sous la supervision des experts de la communauté internationale dont la mission prend fin à la publication de la liste. C’était le premier point. Le deuxième concernait le calendrier électoral. Ils ont estimé que les contraintes juridiques, techniques et financières étaient suffisamment costaudes pour ne pas que des élections communales se tiennent avant les présidentielles. Cela était un constat et la société civile et la communauté internationale nous ont invités à partager ce constat.

Le troisième point portait sur le débat, le compte rendu et la réforme de la CENI, selon les appellations de chacune des parties. Les représentants de la société civile et de la communauté internationale se sont rendu compte aussi que les handicaps juridiques à ce niveau étaient suffisamment insurmontables.

Je précise que la proposition de la mouvance par rapport à la CENI, était de faire démissionner les commissaires que l’opposition considère l’avoir quittés et de procéder à leur remplacement. On  ne peut pas obliger un commissaire de démissionner et on ne peut pas non plus le renvoyer de la CENI. C’est une loi organique qui a installé la CENI. Il s’agit de la loi organique L016 qui ne peut être modifiée, amendée ou abrogée qu’avec la majorité qualifiée des deux tiers des députés.

En tant que président de groupe parlementaire, je leur ai dit que le forum ne peut pas constituer une Assemblée constituante ou une Assemblée-bis qui va modifier une loi et comme l’opposition demandait, à ce que l’on convoque une session extraordinaire de l’Assemblée pour entériner les conclusions juridiques du dialogue. Je leur ai dit non. Ce ne sont pas des partis politiques qui peuvent se réunir pour nier à l’Assemblée et aux députés leur droit de  débattre les textes de lois ou de proposition de lois qui leur sont soumis. S’il doit y avoir modification, on doit faire des propositions de lois. Si c’est cela leur volonté, ils ont deux groupes parlementaires…Qu’ils fassent donc une proposition de lois qui doit suivre la procédure requise. S’ils ont le vote, on modifie et s’ils n’en ont…c’est cela aussi la démocratie, qu’ils se soumettent à cette sentence légale.  Voilà ! Le fait de vouloir appliquer la loi et je l’appliquerai strictement, on m’a accusé de vouloir bloquer le dialogue. En tous les cas, au sein de la mouvance, cela n’est pas négociable. Parce que l’on ne peut pas quitter délibérément l’Assemblée nationale, provoquer une crise artificielle et demander le dialogue pour aller modifier les lois qui ne paraissent pas être à leur faveur et l’imposer à la majorité. Et mieux, on ne peut pas même dire à un commissaire de démissionner et même si on prenait la décision de le faire partir, la Cour Constitutionnelle peut statuer là-dessus. C’est pourquoi, j’ai demandé à ce qu’on commence à respecter les institutions. Car, on ne peut pas continuer de se comporter comme s’il n’y avait pas d’Assemblée comme si c’était encore la Transition pure et dure.

Toutefois, pour avancer, ils ont aussi constaté que la mouvance avait accepté que l’opposition nomme un commissaire à la place du commissaire de la mouvance qui est décédé. Nous avons estimé que monsieur Sidya Touré qui croit ne plus être représenté, pouvait désigner quelqu’un à la place de monsieur Yaya Kane, ce commissaire de la mouvance qui est décédé.

 Ensuite, l’opposition a demandé de  recomposer toutes les 342 communes urbaines et rurales. Pour ce faire, elle a estimé qu’on pouvait nommer dans les 342 des représentants tant de la mouvance que de l’opposition pour veiller à ce que ces structures ne s’impliquent pas dans le processus électoral.

Voilà un peu la substance, plus les grands principes de la neutralité de l’État et de l’administration centrale dans le processus électoral, la poursuite judiciaire contre ceux qui ont commis des délits pendant notamment les marches, enfin l’indemnisation, les réclamations de tous les jours.

On devrait signer ce constat  et l’accord disait que les parties sont d’accord sur les autres points sauf la CENI et le traitement proposé sur le cas des délégations spéciales. La communauté internationale n’a pas signé, nous de la mouvance, nous n’avons pas aussi signé mais nous avons plutôt paraphé. Ce qui est en termes diplomatiques très différent de signer. L’opposition a estimé qu’il n’y avait pas du tout d’accord  sans ces deux parties et que malheureusement, elle ne pouvait pas apposer son paraphe. Voilà comment les choses se sont passées. Nous l’avons regretté et ce que nous avons noté aussi, c’est que l’opposition dit que les portes ne sont pas fermées et que des bonnes volontés allaient continuer de travailler entre les parties pour rapprocher les points de vue. Depuis et c’est ce qui s’est poursuivi pendant le week-end dernier et probablement dans le courant de cette semaine, nous allons trouver éventuellement suffisamment de raisons pour nous rencontrer et reprendre le dialogue.

Sur le calendrier électoral, on constate de part et d’autre, qu’on ne peut pas faire des élections communales et communautaires avant les présidentielles. Cela n’a pas été signifié par un acte mais le constat est évident.

Guinéenews© : Quels sont concrètement les points d’achoppement entre la mouvance et l’opposition par rapport aux cas de la CENI et des délégations spéciales ?

Amadou Damaro Camara : Nous avons dit que nous étions ouverts à partager la gestion des délégations spéciales. Et si l’opposition estime qu’il y a eu rupture de légitimité à quelque niveau que ce soit,  il n’y avait qu’à cibler ces structures pour que nous les ajoutions sur les délégations spéciales. Mais il était difficile que des politiciens à Conakry décident de la rupture de légitimité des structures à l’intérieur du pays même si leur mandat est expiré alors qu’ils ne sont pas remplacés par des élections.

Autrement dit, la mouvance a demandé à ce que les délégations spéciales, celles dont la légitimé a été rompue par un acte administratif, soient recomposées. Et il est difficile de continuer de rompre la légitimité qu’ils condamnent parce que les délégations spéciales sont synonymes d’une rupture de légitimité…L’opposition dit que la procédure n’a pas été respectée et elle demande de rompre les mêmes légitimités par des politiciens à Conakry. Qui va aller dire à un maire à l’intérieur du pays qu’il n’est plus maire parce qu’Amadou Damaro et le porte-parole de l’opposition l’ont discuté à Conakry. Alors qu’il n’y a pas eu de vote ni d’acte administratif le faisant changer. Et pratiquement, tout le monde le sait que dans certaines zones, les présidents de CRD (communauté rurale de développement) sont un peu la continuation de la chefferie traditionnelle. Il y a des postes à certains endroits qui sont réservés à des progénitures des fondateurs de ces localités. C’est plus facile de le dire politiquement ici que de le faire sur le terrain. Mais nous avons dit, en plus des délégations spéciales, s’ils (les opposants, ndlr) ont constaté la rupture de légitimité ailleurs, qu’ils nous donnent la liste, on est prêt à l’examiner ensemble. Mais, on ne peut l’étendre aux 342 communes urbaines et rurales, ce ne serait pas juste. C’est-à-dire qu’on ne peut pas condamner une violation de loi et qu’on tombe d’accord pour en violer d’autres.

Cependant, je vais m’empresser de dire que des contacts informels continuent entre nous et la société civile, d’une part, entre l’opposition et la société civile, d’autre part. J’espère qu’à la longue, nous allons arriver à un consensus sur un minimum qui puisse rassurer quand même toutes les parties en ce qui concerne la transparence des élections qui est en fait le problème réel et qui doit préoccuper les uns et les autres.

  Guinéenews© : Comment réagissez-vous à la menace de reprise des manifestations de l’opposition annoncées pour l’après-Ramadan ?

 Amadou Damaro Camara : J’espère que nous n’arriverons pas à ne pas nous entendre mais nous arriverons à une entente avant la fin du mois Ramadan. Et si malheureusement, on n’en arrivait pas, les marches, c’est leur droit, je précise que c’est un droit constitutionnel. J’espère qu’ils respecteront les règles de ces marches pour qu’il y ait moins de casses.

  Source: guineenews.org

  Entretien téléphonique  réalisé par Camara Moro Amara