On savait que la Turquie bombardait le groupe Etat islamique en Syrie, et le PKK en Irak. Mais Ankara frappe également les Kurdes sur son propre territoire. De nouvelles frappes ont été menées ce mardi.

Même si ce ne sont pas les premières du genre, puisque dès le début de cette campagne de bombardements – visant alors simultanément l’organisation Etat islamique et les positions du PKK – le Premier ministre avait évoqué ces frappes « en Turquie et hors du territoire turc » sans autre précision.

Ce qui est nouveau désormais, c’est que l’état-major communique sur ce genre d’opérations. Histoire sans doute d’afficher la détermination des forces armées turques dans leur lutte contre la rébellion.

Si il est plus facile d’obtenir des informations sur les bilans de ces bombardements quand ils se déroulent en territoire irakien, en revanche, du côté turc, où aucune vérification indépendante n’est possible, aucun bilan ne filtre.

Mais l’armée dit tout de même avoir atteint ses cibles à 100%. Les zones visées, comme les fois précédentes, se situent dans les hautes montagnes des provinces de Sirnak et Hakkari.

Au-delà de la riposte à d’éventuelles agressions par la rébellion, la raison derrière ces frappes, maintenant que le cessez-le-feu est révolu, est essentiellement de couper les routes qui permettraient aux rebelles retranchés en Irak depuis plusieurs années de revenir en territoire turc pour relancer la guerre. Car l’heure est définitivement à la reprise des hostilités.


Fin de trêve ?

L’Otan souhaite qu’Ankara préserve le processus de paix engagé avec les Kurdes en 2012. Mais depuis mardi et les déclarations du président turc qui juge « impossible » la poursuite des discussions, les perspectives de paix s’éloignent à grands pas. Les propos d’Erdogan ressemblent de facto à l’annonce d’une suspension du processus avec le PKK.

Les séparatistes kurdes représentent selon Reçep Tayyip Erdogan une menace pour l’unité nationale et la fraternité de la Turquie. Une menace caractérisée par les attaques contre les forces de sécurité turques qui se sont multipliées ces derniers temps, avec par exemple le meurtre revendiqué de deux policiers dans le sud-est du pays le 22 juillet dernier.

Le processus de paix entamé à l’automne 2012 entre le régime islamo-conservateur d’Ankara et le chef emprisonné du PKK Abdullah Ocalan a été mise à mal par l’attentat de Suruç perpétré le 20 juillet, qui a coûté la vie à 32 personnes. Bien qu’attribué à l’organisation Etat islamique, cet attentat marque un tournant.

Ankara s’est ensuite lancé dans une offensive contre des positions du PKK en Irak avec des frappes de son armée de l’air. Et depuis hier, les F-16 de l’armée turque bombardent même des positions de combattants du PKK sur son territoire. De nombreuses arrestations ont également été réalisées. Pour les séparatistes kurdes, « les conditions du maintien du cessez-le-feu ont été rompues ».

Alors même si le président turc n’a pas parlé de fin du processus, les évènements de ces derniers jours pourraient enterrer définitivement les discussions entamées il y a un peu plus de deux an et demi.