Jean-Marie Le Pen vient de gagner une nouvelle bataille dans la guerre judiciaire et politique qui l’oppose à sa fille. Mardi 28 juillet, la cour d’appel de Versailles a en effet rejeté l’appel du Front national qui contestait la suspension de son assemblée générale extraordinaire.

Par cette procédure, Marine Le Pen demandait aux adhérents de voter par courrier la réforme des statuts et la suppression du poste de président d’honneur occupé par son père. Une fonction honorifique créée sur mesure lors du congrès de Tours, en janvier 2011, au moment de la passation de pouvoirs entre le cofondateur du parti et Marine Le Pen.

Le Front national a décidé de riposter sur le front politique. Dans un communiqué publié sur son site, il parle d’une volonté de « bâillonner ses adhérents » et annonce qu’il rendra public, mercredi 29 juillet, les « 30 000 votes de la consultation ». Ce « congrès postal », comme le surnommait Jean-Marie Le Pen, avait été lancé le 20 juin. Selon nos informations, le 8 juillet, jour de sa suspension par la justice, 29 248 des 51 551 adhérents du FN à jour de leurs cotisations avaient déjà renvoyé leur bulletin, soit une participation de 56,74 %.

Un feuilleton judiciaire

Cette publication ne changera rien au cours de la justice. Car la décision de la cour d’appel du jour n’a fait que confirmer celle du tribunal de grande instance de Nanterre. Le 8 juillet, cette instance avait déjà obligé la présidente du Front national à organiser un congrès « physique », c’est-à-dire à réunir les militants, si elle voulait valider la mise à l’écart du cofondateur du parti. Interrogé par Le Monde, Frédéric Joachim, avocat de Jean-Marie Le Pen déclare :

« Il s’agit d’un nouveau camouflet pour le FN. Les statuts ne permettent tout simplement pas de procéder à une consultation postale pour prendre une décision aussi importante. Le FN doit maintenant se comporter en parti politique et non en bureau d’avocats. »

Cette nouvelle étape judiciaire a été mal vécue par les proches de Marine Le Pen. « Ce sont les juges qui semblent avoir une volonté incroyable de maintenir Jean-Marie Le Pen dans sa fonction d’imprécateur de propos que nous ne voulons plus entendre », a affirmé sur BFM-TV Gilbert Collard, député Rassemblement bleu marine (RBM) du Gard.

La décision de la cour d’appel de Versailles représente en effet une nouvelle victoire de Jean-Marie Le Pen dans la bataille judiciaire contre sa fille. Le cofondateur du FN a décidé par tous les moyens de refuser sa mise à l’écart qui avait débuté le 4 mai. Ce jour-là, après des provocations de M. Le Pen qui avait qualifié une nouvelle fois les chambres à gaz de « détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale », les dirigeants du parti avaient d’abord décidé sa suspension du parti.