Après deux générations qui ont positivement marqué la Guinée entière et une bonne partie du continent africain, le super Kolima Jazz de Labé a fait une descente aux enfers avec la troisième génération. La génération des Baba Traoré, des Mouctar Paraya Bah (Mic), des Sow Bocar, …

Selon eux, par manque d’instruments, ils ont été contraints à raccrocher, en tout cas à procéder à une longue pause. Ainsi, après plus de 24 ans de silence, l’unique orchestre que la ville de Labé a connu, le Super Kolima jazz refait surface. L’orchestre mythique de la cité de Karamoko Alpha renaît enfin de ses cendres avec de très grandes ambitions. Guinéenews est allé à la rencontre de l’un des membres de cet orchestre. Baba Traoré, musicien de son état est membre de la troisième génération qui tente de former une quatrième génération afin de perpétuer le super Kolima Jazz. Il nous a accordé cette interview exclusive. Lisez !

Guinéenews.org : Depuis quand le super Kolima jazz de Labé a repris ses activités ?

Baba Traoré : Ça fait tout justes deux mois depuis que le Kolima Jazz a repris. On a fait des répétitions intensives. J’avoue que nous avons eu quelques problèmes qui sont liés tout simplement à la reprise. Comme vous le savez, il y a des disparus qu’il fallait forcément remplacer. Nous les avons fait remplacer et il fallait adapter les nouveaux. Donc, voilà entre autres des problèmes auxquels on a fait face. Ensuite, il n’y a pas que les anciens morceaux ; il faut travailler sur ceux-ci pour en créer un nouveau répertoire en adaptant le rythme un peu au genre Soukous comme l’aime la nouvelle génération.

Guineenews.org : En parlant de disparus que vous avez fait remplacer dans le groupe, vous faites allusion à qui précisément ?

Baba Traoré : Vous vous rappelez du dernier disparu de l’orchestre en la personne d’Abdoul Karim Sangaré qui était le batteur principal du super Kolima Jazz. Donc, après sa disparition il fallait penser à le remplacer et tout de suite adapter son remplaçant. Au fait, nous avons du pain sur la planche. Celui –ci n’est pas le seul. Il y a feu Djibril Kouyaté (Jupiter), il y a feu Djely Sori Kouyaté, tous sont décédés. Ils sont au nombre de 4 à 5 personnes qui nous ont déjà quittés.

 Guineenews.org : Mais vous avez approché des jeunes ?

Baba Traoré : Oui on a eu des jeunes. Mais, il y a d’autres anciens qui veulent raccrocher ; Sow Bocar par exemple. Il y a des déplacés comme maitre Abdoul Gadiri Diallo qui évolue actuellement aux États-Unis. Donc, on a tous ces petits problèmes-là.

Guinéenews.org : Comment ça se passe avec ces jeunes que vous essayez d’adapter ?

Baba Traoré : Il y a Sidiki Diabaté qui est très jeune mais qui a de l’avenir quand même. Nous l’avons approché et nous somme entrain de l’initier au modernisme. Il y a une autre jeune fille du nom de Foudia, il y a un jeune batteur dont j’oublie souvent le nom, il y a un autre accompagnateur du nom de Korka, … Ils sont à peu près au nombre de 5 à 6 jeunes.

Guinéenews.org : Et vous les anciens, vous êtes au nombre de combien présentement dans le groupe ?

Baba Traoré : Nous sommes au nombre de 5. Il y a moi Baba Traoré, Thierno Mamoudou Gilmar, Sow Bocar qui vient de temps à autre, Mouctar Paraya Bah et Alpha Midiaou. Donc, c’est nous 5 plus 6 jeunes qui sommes actuellement les membres de l’orchestre super Kolima jazz de Labé.

Guinéenews.org : Les répétitions entre vous anciens et la nouvelle génération, ça colle ?

Baba Traoré : On est là-dessus, ce n’est pas encore fini. Il faut continuer à répéter et le travail continue. Nous avons commencé à nous reproduire. On s’est d’abord produit une seule fois à l’hôtel Saala (Labé) à la veille du mois de ramadan, mais n’empêche on continue à travailler ; il faut toujours travailler.

Guinéenews.org : Réellement, qu’est-ce qui vous a motivé à relancer cet orchestre ?

Baba Traoré : C’est tout juste dans le souci de promouvoir la culture Guinéenne. Nous voulons toujours imposer la culture Guinéenne et vraiment vendre la musique du terroir afin que la musique Guinéenne se retrouve toujours sur le marché international. Et ensuite, dans le souci de léguer notre connaissance à la génération montante, aux jeunes qui sont presque aliénés par la musique occidentale, américaine ; donc les rappeler un peu à l’ordre.

Guinéenews.org : Souvent vous imputiez l’arrêt des activités de l’orchestre que vous avez toujours qualifié d’involontaire, à un manque d’instruments de musique ; finalement c’est réglé ?

Baba Traoré : Oui ! Il y a toujours ce problème, vous savez on a toujours envie de faire mieux. Donc, quand bien même, le peu de matériel que nous avons est performant, mais nous avons toujours envie d’avoir un jeu d’instruments vraiment moderne. Souvent, il nous manque quelques amplis, des guitares, en un mot quelques ingrédients.

Guineenews.org : Mais on aurait appris qu’un jeune de Labé vous a assisté en matériel ?

Baba Traoré : Oui ! C’est un monsieur de bonne volonté du nom de Mamadou Saliou (propriétaires de deux boites de nuits à Labé). Il nous a apporté un matériel important. Vraiment, il est de très bonne foi, il est à remercier et à féliciter. Et il est toujours entrain de nous assister moralement et  matériellement. Si vous voulez, il nous sert actuellement de manager.

Guinéenews.org : Comme vous l’avez signalé, à la veille du mois de ramadan vous avez livré votre tout premier concert depuis la recomposition de l’orchestre ; ça signifie que vous avez fini tous les réglages ?

Baba Traoré : Plus ou moins. Parce qu’on ne finit jamais un travail. Quand on a envie de bien faire, il faut toujours s’y mettre, il ne faut pas relâcher. En tout cas après ce concert, citoyens et autorités étaient ravis de la prestation du super Kolima jazz.

Guineenews.org : Et vous membres de l’orchestre, quels ont été vos sentiments après cette production?

Baba Traoré : J’ai vu que ça été apprécié par l’ensemble de la population (présent tout comme absent), les gens ont beaucoup aimé y compris les autorités de la place surtout le préfet, on a vu réellement sa réaction sur le terrain. Il n’a pas manqué de donner sa contribution à l’orchestre.

Guinéenews.org : Vous avez passé combien d’années dans l’ombre 

Baba Traoré : On a fait plus de 24 ans d’absence. 24 ans dans l’ombre comme vous le dites.

Guinéenews.org : Quels sont vos projets actuels

Baba Traoré : Nous trouver un producteur pour sortir de nouveaux albums et sortir sur le terrain aussi, tout ça c’est dans les projets du Super Kolima Jazz.

Guinéenews.org : Vous êtes déjà prêts pour un album ?

Baba Traoré : Oui ! On est prêt, on a d’ailleurs de nouveaux titres. Vous savez il est plus facile de produire un album que d’apparaitre en live. Dans le studio, tu as la latitude de travailler et reprendre, de corriger jusqu’à ce que ça soit parfait. En tout cas, à la sortie de l’album, personne ne saura que tu as fait des séances et des séances dans le studio. Mais, sur le podium, là c’est en live (direct) ce que tu produis est directement consommé par ton public. Donc, gare à toi de rater.

Guinéenews.org : En attendant, prévoyez-vous des concerts ou des sorties  localement ?

Baba Traoré : Bien sûr ! Les autorités parlent même d’une semaine artistique qui doit se tenir à Labé ici dans quelques mois. Alors, on se prépare en attendant. Ensuite, d’autres parlent de l’arrivée de son excellence le président de la république à Labé. A l’occasion, je pense que nous allons proposer quelque chose.

Guinéenews.org : En fin, un message à l’endroit des lecteurs de Guinéenews !

Baba Traoré : C’est toujours lancer un appel à la jeune génération de venir à côté de nous parce que nous n’avons pas repris par intention de continuer à nous éterniser là-dessus, non ! Nous avons repris dans le souci de léguer notre connaissance à la jeune génération comme je l’ai si bien dit.

Source: guineenews

Propos recueillis par Alaidhy Sow depuis Labé, pour Guinéenews.org