fadumo Dayib se lance dans la course à la présidence de la Somalie. Une véritable course d’obstacles d’autant que la jeune femme n’est soutenue par aucun clan. Mais elle est servie par un fort tempérament forgé par l’exil et le désir d’une carrière politique. Portrait.

Et si sa mère avait raison ? Elle qui ne cessait de répéter que sa petite miraculée avait tout pour réussir. « Ma mère disait que j’étais mon seul ennemi, que mes seules limites étaient celles que je m’imposais, que je pouvais tout réussir », se souvient Fadumo Dayib, ex-réfugiée et candidate à la présidence de la Somalie, aujourd’hui âgée de 43 ans.

La guerre et l’exil

Après un long exil en Finlande, où elle habite encore, cette fille de chauffeur-routier espère succéder un jour au président Hassan Sheikh Mohamoud. Sa victoire toutefois est loin d’être acquise, d’autant plus que le président sortant, au pouvoir depuis 2012, a annoncé, en octobre, sa décision de briguer un nouveau mandat.

Le parcours de Fadumo Dayib tient de la saga. Dans sa famille, elle est la petite douzième, la première à avoir survécu à la petite enfance, les onze enfants précédents de sa mère étant morts en bas âge. Avoir échappé à la mort est, pour elle, lourd de sens.

« Le fait d’être le premier de ses enfants à survivre m’a toujours portée à croire que ce n’était pas le fruit du hasard, qu’il y avait une raison pour laquelle j’ai survécu, moi, et pas les autres, confie-t-elle. J’ai souvent pensé que ma vie – et je le pense encore –a quelque chose d’une vocation, d’un appel. »

Elle se considère aujourd’hui comme « un serviteur de l’humanité », mais il faut reconnaître que peu de choses dans une jeunesse marquée par la guerre et l’exil l’y prédisposaient.