»Sauvons ce fleuron qui se meurt sans souci »
Bâtie sur une superficie de 10 hectares, ayant une capacité d’accueil de 12.500 fidèles musulmans, la Grande Moquée Fayçal de Conakry a été construite et inaugurée le 24 janvier 1984, grâce à la coopération Guinéo-Saoudienne. Cette somptueuse maison de culte musulman, qui fait la fierté des Guinéens, se trouve aujourd’hui dans une situation déplorable. Tant l’ampleur de dégâts est au bord de précipice. En saison pluvieuse, la toiture qui se trouve profondément affectée, laisse couler l’eau à flot, à même le sol. Un laissé aller que le nouveau Administrateur Général de cette Mosquée, El Hadj Aly Jamal Bangoura a qualifié ‘’d abandon total’’. Et pour sauver ce temple, Aly Jamal souhaite urgemment l’élaboration et l’adoption des cadres juridiques et organique de l’Administration générale de la Grande Mosquée Fayçal afin d’identifier des projets bancables susceptibles de générer des revenus financiers au profit de l’établissement.
Incontestablement, ce splendide monument architectural dressé au centre ville de Conakry, ressemblant à une fleur géante qui étale ses pétales, est à la fois une fierté et un symbole pour les Guinéens en général, mais pour les fidèles musulmans en particulier. Au-delà d’une œuvre architecturale parfaite, cette Mosquée incarne le point d’orgue entre les musulmans et les touristes. C’est aussi le point d’encrage de grandes rencontres religieuses d’où partent souvent des enseignements de la culture islamique.
Aujourd’hui, cette superbe Mosquée, présente une image qui choque plus d’un visiteur. Apparemment à l’extérieur, on a l’impression que tout va bien. Curieusement, faite un tour à l’intérieur pour mesurer l’ampleur de dégâts. L’armature de la toiture bien impressionnante, est profondément affectée par les eaux de pluies, favorisant ainsi des fissures palpables sur les mûrs qui laissent couler aisément l’eau ; comme le montrent nos photos qui n’ont besoin de légende. A travers ces fissures, ces eaux de pluies pénètrent le mur et atteint les points de jonction du plafond, aussi, des points d’encrage des lampes électriques et du système de tous les autres réseaux notamment téléphonique, phonique et sanitaire qui pratiquement, sont très endommagés. Disons que toutes ces eaux qui circulent et suintent finissent leur course sur des tapis ou moquettes qui sont alors imbibés. ‘’Et partout dans la Mosquée, en cette période, c’est des flaques d’eaux qui s’installent à même le sol, empêchant ainsi aux fidèles musulmans de s’acquitter correctement de leur prière’’, regrette notre guide qui ajouterait : « Cette situation qui n’a que trop perdurée, doit maintenant trouver sa solution ; puisque cet état de fait a défavorablement agit sur le taux de fréquentation des fidèles musulmans’’.
A l’étage, réservé aux femmes, le scénario est décevant. En saison des pluies, les femmes n’étalent les tapis qu’aux jours où il ne pleut pas. Sinon qu’elles prient dans les conditions extrêmement difficiles. ‘’Ici, les morceaux de staff faites du plafond, se détachent souvent même aux heures de la prière et tombent à même le sol’’, rapportent les femmes balayeuses qui, soucieuses, interpellent l’Administration générale pour éviter qu’un jour, l’irréparable se produise. Nous sommes vraiment exposées’’, ajoutent-elles.
Toujours à l’étage, les dix bureaux réservés aux 11 hauts fonctionnaires et cadres dont 6 imams, sont hermétiquement fermés donc condamnés, parce que inopérationnels à cause de la fréquence des eaux de pluies. En cette période d’ailleurs, le couloir qui longe ces bureaux et relit les autres appartements, est permanemment envahi par des eaux et empêche même les gens de circuler les lieux. ‘’On dirait une marre’’, martèle un des jeunes des 26 contractuels permanents de la Mosquée qui souhaiterait que la nouvelle équipe puisse relever le défi, ‘’sinon nous seront toujours dans cette merde’’.
Dans la salle de bibliothèque, on ne trouve rien sinon que deux petites tables où sont posés quelques bouquins poussiéreux. Dommage.
Et ces toilettes puantes sont laissées pour compte. Seules les femmes, fournissent un effort pour rendre propres celles qu’elles gèrent. Un véritable casse-tête pour les nouvelles autorités de cette Mosquée qui s’expriment tout de même sur les espoirs à cultiver pour relever ce grand défi.
En tout cas, à la lueur des regards, se lit ce profond regret pour ce monument qui se meurt sous les yeux coupables de nos dirigeants. Sieurs El Hadj Aly Jamal Bangoura, Sory Oularé, respectivement Administrateur général de la Grande Mosquée Fayçal de Conakry et Administrateur général adjoint de la même Mosquée, ayant pris service le 9 mars dernier, ont du pain sur la planche. Car le décor que présente actuellement cette merveille de classe, se trouve dans un état de délabrement très poussé. Et La priorité des priorités, estime Aly Jamal Bangoura, reste la réhabilitation de l’édifice en général et sa préservation des infiltrations des eaux pluies. ‘’Nous sommes à peu près, à un mois de la saison des pluies. Si nous ne prenons pas maintenant de dispositions ou trouver des moyens financiers pour refaire la toiture, la situation ne fera que s’empirer davantage’’. En cela, El Hadj Jamal en a appelle à la conscience des opérateurs économiques, des personnes de bonne volonté pour secourir ce fleuron en ruine. Parce qu’en réalité, signale-t-il, ‘’depuis la construction de cette Mosquée, elle n’a réellement pas bénéficié d’entretien digne de nom. Ce qui nous a conduit aujourd’hui à ce stade’’. Aly Jamal et son adjoint qui sont actuellement à cheval de bataille, sollicitent un appui substantiel des autorités saoudiennes afin de sauver l’image de ce chef d’œuvre qui ne laisse pas les touristes indifférents ; parce que sachant que la Grande Mosquée Fayçal est la vitrine de l’islam en Guinée. Après celle de Casablanca (Maroc) vient la Grande Mosquée Fayçal de Conakry. Ce qui est une fierté pour les Guinéens. Donc son entretien, interpelle tous les Guinéens afin de relever ce grand défi pour redorer le blason d’antan, suppose Jamal Bangoura qui sollicite également la mise à disposition de l’Administration générale de son institution et des autorités compétentes, de toute la documentation technique, administrative et financière des travaux de rénovation engagée par le Royaume du Maroc et en instance de lancement par le Royaume Saoudien.
Quant à l’ingénieur du Génie civil, Sory Oularé, Administrateur général adjoint, il avoue qu’ils ont une aubaine ; parce qu’il y a un financement en vue du côté saoudien ; et le dossier semble ficelé. ‘’ Nous souhaitons que le dossier en question soit remis sur la table du gouvernement pour que de dispositions sérieuses soient envisagées cette fois-ci, évitant ainsi les déboires qu’on a connu avec le financement dont la Guinée a bénéficié à travers la visite que de Sa Majesté, Mohamed VI du Maroc a effectué en Guinée en 2014. Je pense qu’il faut rectifier l’erreur qui s’est glissée lors de la visite du Roi Mohamed VI. Parce que l’enveloppe financière (4 millions de dollars) dont on a toujours parlée, et qui était destinée à la Grande Mosquée Fayçal, n’a jamais été remise à l’administration générale de la Mosquée. C’est peut être la Coopération internationale qui a dû gérer le financement ou le dossier puisque c’est entre deux Etats c’est-à-dire entre le Royaume marocain et le gouvernement guinéen. Le maillon, c’est au niveau de la Coopération internationale. Tout ce que nous savons, c’est qu’on a vu un panneau lors de la visite de Sa Majesté Mohamed VI avec le Président de la République, Pr Alpha Condé. Il y a eu un autre panneau où s’était écrit ‘’Rénovation de la Grande Mosquée Fayçal : lot1-étanchéité, lot2-électricité, lot3-peinture, lot4-système sanitaire ; Fonds alloués 4millions de dollars’’. C’est tout ce que moi j’ai pu lire et connaitre en tant qu’ingénieur et Administrateur à l’époque comme information. Mais pendant ce temps, les ouvriers étaient déjà sur le chantier entrain de faire la peinture à l’occasion de la visite du Roi Mohamed VI. Et ce processus à continuer jusqu’en 2016. Malgré tout ce qui a été déployé aussi bien par le gouvernement guinéen que le gouvernement marocain, les Etats étant ce qu’ils sont, fait remarquer Sory Oularé, la Mosquée continue à laisser couler l’eau comme un tamis surtout au niveau de la toiture. ‘’C’est un échec’’ dira l’Administrateur général adjoint qui conseille d’éviter désormais cette attitude. Parce qu’il reconnait que le gouvernement guinéen avait l’habitude de confier le suivi du chantier de la Grande Mosquée a un comité piloté par la Coopération internationale avec comme membres, les ministères de l’Urbanisme et de l’Habitat, de l’Economie et des Finances, le Secrétariat des Affaires Religieuses, le Marché public, l’Administration générale et le collège des imams de la Grande Mosquée Fayçal. Mais en 2014, toutes ces structures de l’Etat étaient contournées, martèle M. Oularé qui ajouterait que ‘’ce projet était alors piloté par un Marocain entête d’une entreprise de droits guinéens (Ouest Africa Construction), basée en Guinée. N’empêche ! Le gouvernement devait prendre des dispositions nécessaires. Il a fallu que le Président Alpha Condé lève le ton pour que les gens puissent continuer de prier ici pendant le RAMADAN de 2016. Qu’à cela ne tienne, on a vraiment de la peine à cerner les problèmes pendant la saison des pluies. Parce qu’en ce moment, toues les eaux de pluies qui se déversent sur la toiture, coulent aisément à travers les mûrs et tombent directement sur le sol. Il a fallu acheter des bombonnes, placées aux points de chute pour permettre aux gens d’accomplir leur prière. M. Sory Oularé pense qu’ils doivent corriger cette situation. ‘’C’est pourquoi nous avons demandé à ce que l’on ait des infrastructures dans l’enceinte de la Mosquée qui a un domaine de 10 hectares non encore mis en valeur depuis 1984. On n’est vraiment en retard’’, reconnait M. Oularé qui fait l’invite à l’autorité compétente d’accepterait de construire des infrastructures dignes de nom dans l’enceinte de la Mosquée. Une fois que ces infrastructures sont bâties, notamment une école de la maternelle à l’université, un immeuble à usage de bureaux et d’habitation, des boutiques et kiosques, un centre médical, des toilettes payantes, de pharmacie et laboratoire biomédical, de jardins parkings, de servitudes entre le CHU de Donka et le cimetière national pour les cortèges funèbres…, on peut générer des revenus financiers au profit de l’établissement. C’est une aubaine pour la Grande Mosquée Fayçal de se prendre en charge, indépendamment des recours perpétuels de la Guinée à l’extérieur pour le financement des travaux d’entretien et de rénovation de cette Mosquée’’. Et d’ajouter : « Il faut que le gouvernement accepte d’accompagner la nouvelle équipe mise en place pour essayer de sortir des dossiers bancables capables d’aider à la Mosquée de sortir de l’ornière.»
Am Touré