Depuis 1963, chaque année, durant la 1ère semaine du mois de mai, de nombreux fidèles catholiques guinéens et d’ailleurs se rendent à Boffa, berceau du christianisme en Guinée.

Comme il est maintenant de coutume, les pèlerins marcheurs se donnent rendez-vous à l’école primaire de Kagbelen, où ils reçoivent la bénédiction de l’archevêque Vincent Coulibaly. Une fois cette prière faite, le coup d’envoi est lancé, en tête de liste la croix et l’archevêque lui-même. Boffa, ce n’est ni un défi sportif, ni un rendez-vous mondain. C’est un pèlerinage, une marche sainte, vers un lieu saint. Une expérience spirituelle faisant participer le corps.

Dès 16h, les marcheurs étaient en place et une heure après, les fidèles des différentes paroisses, en petits groupes se suivirent en portant  leurs croix à la suite du christ. Dimanche 30 avril, jour de départ pour cette année, les pèlerins étaient sereins et motivés. Accolades, sourires, causeries, prières motivantes étaient de la partie. Mais au fil du temps, les signes de fatigue se présentaient. Des plaintes par ci par là, des lenteurs dues aux douleurs ressenties aux pieds. Des entorses, des blessures, des crampes freinaient des uns, tandis que chez d’autres, tout allait bien. Des chants de louange, des prières motivantes les joies et douleurs étaient les compagnons d’armes de la route.

Les journées étaient consacrées aux grands repos, aux visites sanitaires, aux messes ; mais aussi aux grandes toilettes et à la lessive.  Les soirées quant à elles étaient les temps favoris de longues marches (10, 11 ou 12km) souvent séparées de courts temps de pause. A l’approche de chaque point de repos, la motivation renaissait de nouveau. Une fois sur les lieux, chacun cherchait un petit coin pour se ressourcer, ou pour se coucher. Une fois le temps de pause terminé, place maintenant aux coups de sirènes, façon de dire aux marcheurs qu’il est temps de continuer le chemin sur Boffa. Ces moments  étaient les plus détestés par les pèlerins. C’est des chuchotements, des plaintes, des inquiétudes. Beaucoup somnolaient durant les premières 30mn du départ. Mais au fur et à mesure que les marcheurs avançaient, ils s’adaptaient et retrouvaient le  rythme normal. Tout cela avec l’aide des chants et prières ainsi que des uns et des autres.

Sur ce chemin, pas de différence. Chacun conjugue le même verbe, le repas se prenait en petits groupes de six à huit personnes sans aucune forme de distinction.

Le jeudi 04mai, jour d’arrivée des pèlerins, tous étaient animés d’une joie immense. Pour eux, aller à pieds au pèlerinage, c’est faire l’expérience des disciples d’Emmaüs : être rejoint par Jésus Christ ressuscité et marcher avec lui. A chaque coin de rue, l’on se changeait, se rendait beau pour enfin franchir la ligne d’arrivée tant attendue. C’est en groupes de deux ou trois paroisses que les pèlerins ont fait leur entrée à Boffa ; sous l’œil vigilant des autorités administratives de la dite localité. L’hymne de cette année ‘’Jésus je viens, je viens à toi, tel que je suis, je viens à toi ; jésus je viens, je viens à toi, tel que je suis prend moi » a constamment été chantée et dansée suivie de la bénédiction de l’archevêque à la grotte mariale du sanctuaire.

Ce fut encore une expérience pour beaucoup de marcheurs qui ont saisi l’occasion pour mieux se rapprocher de Dieu.  Même ceux qui se plaignaient des pieds retrouvaient le sourire à l’arrivée. Fini les souffrances, les douleurs, place maintenant aux joies, mais surtout à la joie de savoir que l’on a réussi à suivre le Christ malgré tous les obstacles rencontrés en chemin.

 M T