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L’inculpation de Dadis, la politisation du dossier, le passage de Bensouda : Les vérités présidente des victimes

Asmaou Diallo, est la présidente de l’Association des victimes, Parents et Amis des événements du 28 septembre, (AVIPA). Dans cet entretien qui suit, elle réagit à l’inculpation du capitaine Dadis, donne son avis sur la prétendue politisation du dossier, le récent séjour à Conakry de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda… Lisez !

Guinéenews© : Le dossier des tueries du 28 septembre a connu une évolution avec l’inculpation du capitaine Dadis ce mercredi 8 juillet. Comment cette mise en examen est perçue à l’AVIPA ?

Asmaou Diallo : Nous trouvons que c’est tout à fait normal. Nous espérons que tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin, doivent être entendus par le pool de juges. J’espère que cela ne va pas s’arrêter à M. Moussa Dadis Camara seulement. Il y a d’autres personnes qui étaient aussi là. C’est pourquoi, il le faut continuer. Parce qu’au sein du gouvernement du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement), il y a beaucoup qui n’ont pas répondu de leurs actes devant le pool des juges. Donc, nous espérons que la procédure va suivre son cours.

Guinéenews© : Votre association a eu une rencontre mercredi avec une délégation hollandaise. Dites-nous sur quoi cette rencontre a porté ?

Asmaou Diallo : La délégation hollandaise était venue pour s’enquérir de ce qui s’est passée ce jour 28 septembre 2009 au stade du même nom. Ils ont visité le stade et nous leur avons expliqué ce qui s’était passé. Il n’y avait rien de spécial. Ils étaient-là pour comprendre comment les évènements se sont passés.

Guinéenews© : Dans ce dossier, voulez-vous voir aujourd’hui la justice guinéenne poursuivre la procédure en cours jusqu’à son terme ou vous souhaitez que le dossier soit transféré à la CPI ?

Asmaou Diallo : Nous voulons que la justice guinéenne poursuive ce dossier parce que ce sera quelque chose de grandiose pour le peuple de Guinée. Et pour qu’on lutte contre l’impunité et pour qu’il y ait réconciliation nationale, il faudrait absolument que la justice guinéenne continue son travail et que l’État donne tous les moyens pour vraiment faire le travail comme il le faut. Si le procès est équitable, je suis sûre que c’est la Guinée qui en sortir grandie. C’est notre souhait. Nous voulons que tout se passe ici. Parce qu’en  transférant le dossier ailleurs, est-ce que l’État peut faire envoyer toutes les victimes, les témoins devant la CPI ? J’en doute fort. Alors qu’ici, un tel problème ne se posera. Tout le monde peut passer devant la justice guinéenne. C’est mieux pour tout le monde et pour le pays aussi.

Guinéenews© : Est-ce qu’il faut voir dans cette diligence enregistrée dans la procédure, une quelconque influence politique ?

Asmaou Diallo : Nous ne pensons pas que cette évolution soit politique. Parce que c’est un dossier qui est ouvert depuis 2010. Donc, il fallait qu’il continue et qu’il faille absolument laisser la procédure suivre son cours normal. Ce n’est pas parce que le capitaine Dadis a annoncé aujourd’hui son intention de faire la politique qu’il a été inculpé. Non ! Je pense que ce n’est pas une question politique. Au niveau de nous les victimes, cela n’a rien de politique et on va toujours continuer avec le pool de juges. Normalement, on devait passer plutôt au procès mais il faudrait écouter tout le monde pour qu’on aille rapidement au procès.

Guinéenews© : Donc, il faut chercher la cause de ce coup d’accélérateur du côté de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda qui était récemment de passage à Conakry ?

Asmaou Diallo : L’arrivée de Bensouda était prévue depuis longtemps. Mais elle n’avait pas eu le temps de venir. Je peux vous dire que la CPI suit le dossier depuis très longtemps. Que ce soit Bensouda ou une équipe de la CPI…C’est que le pool de juges est en train de s’activer maintenant. Parce que le ministre de la Justice prend ce dossier à bras le corps. Pour lui, il faut absolument qu’on aille vers la vérité. Et nous, les victimes, nous approuvons cela,  nous l’accompagnons, nous tenons vraiment à ce que justice soit faite. Et je suis sûre que c’est toute la Guinée qui souhaite vraiment qu’il y ait la lumière sur les massacres du 28 septembre, y compris les journalistes. Parce qu’ils ont été aussi sérieusement molestés ce jour. Donc, on doit lutter ensemble pour que la vérité jaillisse. Les victimes ne font que mourir et on ne souhaite pas que tous meurent sans avoir la vérité. Donc, si le dossier avance aussi vite, cela nous fera vraiment plaisir.

Entretien réalisé par Camara Moro Amara & Mame Diallo

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