Après des annonces dans la presse internationale dans la matinée, le gouvernement afghan a confirmé, mercredi 29 juillet, la mort du chef historique des talibans, le mollah Omar. « Nous pouvons confirmer qu’il est mort » en avril 2013 dans la ville pakistanaise de Karachi, a indiqué Abdoul Hassib Seddiqi, porte-parole des services de renseignement du pays. La BBC, citant des sources au sein du gouvernement afghan et des services de renseignement, avait déjà annoncé la mort, il y a deux ans, du leader taliban, qui n’est plus apparu en public depuis 2001. Les talibans n’ont officiellement ni confirmé, ni démenti la mort de leur chef.
Un haut responsable du gouvernement afghan avait déjà déclaré, sous couvert d’anonymat à l’AFP, que le leader des talibans était « mort de maladie il y a deux ans et avait été enterré » dans le sud de l’Afghanistan, sa région d’origine. Selon lui, ce décès a également été confirmé au gouvernement afghan par des responsables pakistanais.
En mai 2011, des sources au sein des services de renseignement afghans avaient annoncé la mort du chef des talibans, l’un des hommes les plus recherchés au monde, pour la capture duquel les Etats-Unis offrent une récompense de 10 millions de dollars. L’information avait ensuite été démentie par les talibans. La différence, cette fois-ci, est la confirmation, pour la première fois, par des sources au sein du gouvernement afghan.
Une biographie stratégique
En avril, les talibans avaient publié une biographie du mollah Omar dans laquelle ils écrivaient que leur chef était encore impliqué dans les « activités djihadistes », une manière de faire taire les rumeurs sur sa mort. Stratégiquement, la publication de cette biographie était également un moyen de contrer la montée du mouvement Etat islamique (EI) à l’échelle locale. Au cours des derniers mois, des commandants et des combattants talibans ont effectivement fait allégeance au chef de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, après que celui-ci a proclamé un califat sur des secteurs de Syrie et d’Irak.
Le dernier message attribué au chef taliban était un communiqué écrit envoyé à la mi-juillet juste avant l’Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan, dans lequel il donnait son assentiment implicite au dialogue avec Kaboul, jugeant que les « contacts pacifiques avec les ennemis ne sont pas interdits ».
« La rumeur de sa mort a commencé à circuler la semaine dernière dans les rangs talibans, lorsque pour la première fois son message de l’Aïd el-Fitr ne nous est parvenu que par écrit », a expliqué à l’AFP un responsable taliban.
Si cette disparition était confirmée, elle risquerait de rebattre les cartes talibanes dans le processus de négociations avec Kaboul, dont le deuxième cycle est prévu pour la fin de semaine en un lieu restant à confirmer.
Disparu depuis 2001
Officiellement à la tête des talibans depuis 1996, le mollah Omar a été président de l’Afghanistan de 1996 à 2001, après l’arrivée au pouvoir du mouvement dans le pays. Durant cette période, il a offert l’asile à Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaida. Talibans et combattants d’Al-Qaida étaient depuis alliés.
Le mollah Omar a fui Kaboul lors de l’arrivée des forces américaines à la fin de l’année 2001, après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis. Il aurait trouvé refuge au Pakistan, à Quetta, ville située près de la frontière avec l’Afghanistan. Une information qui a également été régulièrement démentie par les talibans, qui affirmaient qu’il se trouvait toujours en Afghanistan.