En Afghanistan, une jeune femme accusée d’adultère a été lapidée à mort dans une province du centre du pays. La vidéo de ce meurtre a circulé en ligne et fait redouter à certains la résurgence des heures les plus noires de la domination talibane sur le pays.

Rokhsahana avait une vingtaine d’années. Elle avait été mariée de force dans un premier temps à un homme bien plus vieux qu’elle, avant de tenter de s’enfuir avec un homme de son âge. La vidéo, vieille de près d’une semaine, vient de circuler sur les réseaux sociaux et a aussi été diffusée sur Tolo News, la principale chaîne de télévision afghane. On y devine une jeune femme dont seule la tête dépasse du trou dans lequel elle a été enterrée, elle reçoit ensuite une salve de pierres au visage. Il semblerait que la dizaine de jeteurs de pierre qui l’entoure soit des insurgés talibans qui ont la main mise sur le district où se sont déroulés les faits ainsi que des chefs de guerre locaux.

Cette vidéo a été authentifiée par la femme qui tient le poste de gouverneur de la province de Ghor. Une rareté, il faut le souligner, dans ce pays musulman conservateur et patriarcal. Vu qu’il n’y a par ailleurs en tout et pour tout que deux femmes gouverneurs sur l’ensemble des 34 régions qui composent l’Afghanistan.

Souvenir de Farkhunda

Cette vidéo de lapidation rappelle une autre séquence filmée qui avait beaucoup ému l’opinion publique, celle de Farkhunda. Notamment parce que cette jeune fille, lapidée pour des accusations infondées de blasphème, avait été tuée au cœur de Kaboul, une ville dont les mœurs passent pour moins fondamentalistes et rétrogrades que certaines zones reculées du pays.

Au-delà de cette vidéo, ce qui inquiète l’Afghanistan, c’est la progression talibane dans un certain nombre de secteurs du pays. De nombreux districts, c’est-à-dire des divisions régionales, sont d’ores et déjà sous leur domination. C’est un fait qui passe relativement inaperçu à l’international, notamment parce qu’il s’agit souvent des zones assez peu peuplées, montagneuses et/ou désertiques. Ce qui passe moins inaperçu en revanche, ce sont les grosses attaques coordonnées avec plusieurs centaines de combattants, comme celle qui a permis la prise éphémère de la ville de Kunduz dans le nord du pays à la fin du mois de septembre.

Poussée des insurgés

Ici, où les Afghans sont eux tout à fait conscients de cette poussée des insurgés, les images de talibans pénétrant dans Kunduz ont ravivé les souvenirs vieux de presque vingt ans où les talibans se sont emparés du pouvoir en Afghanistan. Même s’il n’est pas question à l’heure actuelle d’un retour au pouvoir des talibans, cette progression de la rébellion, couplée aux profondes difficultés économiques que traverse l’Afghanistan, qui reste par ailleurs un des pays les plus pauvres du monde, incite ainsi en ce moment de nombreux Afghans à tenter de prendre la route de l’exil. En particulier vers l’Europe.