A quelques jours de la double confrontation contre la Namibie dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 en Russie, l’international guinéen, Ibrahima Traoré qui avait mis sa carrière internationale entre parenthèses au lendemain de l’élimination de la la Guinée en 1/4 de finale de la CAN 2015, était à deux doigts de retrouver ses coéquipiers de la sélection national. Convoqué par le sélectionneur national, Luis Fernandez, le joueur du Borussia Mönchengladbach a décidé de ne pas répondre à l’appel. Dans cette interview, il donne les raisons qui motivent cette décision.
Tu étais sur le point de revenir en sélection nationale. Tout était au point. Finalement t’as décidé de ne pas venir. Peux-tu nous expliquer pourquoi?
Ibrahima Traoré: En fait, il n’y a pas mal de choses qui se sont passées qu’il fallait remettre en place. C’est à dire que moi j’ai discuté avec les adjoints du coach pour un retour en sélection. On discutait depuis un bon moment. Tout était en bonne voie. On était dans un cercle un peu fermé pour discuter en évitant d’ébruiter les choses parce que je sais que ça fait parler à tort, que les gens disent beaucoup de choses qu’ils ne savent pas. Malheureusement, il y a des choses qui ont été dites mais qui ne sont pas vraies. Il y a certaines vérités que j’aimerai bien rétablir. Quand j’entend dire que j’ai appelé le coach pour venir en sélection, ce sont des choses que je ne peux pas cautionner, parce que ce n’est pas vrai. C’est vrai qu’il y a eu un coup de fil. J’ai parlé avec ses adjoints et on était d’accord. Ensuite, ils m’ont dit d’appeler le coach pour en discuter avec lui. Pendant les discussions, je n’avais jamais appelé le coach, jamais même une fois. Et une fois que je l’ai appelé, après je me rend compte, on dit que j’ai pris mon téléphone pour l’appeler et dire que je voulais venir en sélection, non c’est faux. J’ai parlé avec les conseillers du coach pendant très longtemps et ce sont eux qui m’ont dit d’appeler le coach pour discuter avec lui. C’est à dire que tout ce qui a été fait pour que les choses se passent bien, je ne sais pas si c’est pour se donner le bon rôle ou quoi que ce soit, mais au final il y a des choses qui ont été dites qui ne sont pas vraies. Je trouve cela dommage parce qu’il y a très peu de gens qui étaient au courant des discussions. Je ne suis pas quelqu’un qui aime m’étaler trop pour parler de sa vie. Ce sont des petits détails qui font qu’au final les choses ne se font pas.
Est-ce que ce n’est pas pesant pour toi?
Oui très très pesant. Si vous savez le nombre de coup de fil que je reçois moi et ma famille, oui ça commence à être pesant même énervant à la fin de savoir qu’une fois tous les deux mois tu vas repasser par la même situation. Tout le monde raconte n’importe quoi sans savoir ce qui se passe, tout le monde va commencer à dire des choses à tort et que dans dix jours personne n’en parlera. Moi ça me fatigue. En fait, j’ai envie de dire, les gens pensent ce qu’ils ont envie de penser, moi ceux qui me connaissent très bien, ceux qui savent ce qui se passe, comment les choses ont été gérées, ils peuvent savoir que je n’ai pas tort, d’aucune manière que ce soit. J’ai fait ce qu’il fallait faire, j’ai fait les efforts qu’il y avait à faire. Pour preuve, de moi même, quand j’ai parlé avec les adjoints, je les ai dit que je suis souvent sur Paris et que moi je suis prêt à me déplacer pour parler avec eux, négocier pour trouver une solution favorable. Je l’ai dit, quand j’ai fait le break, je l’ai fait pour moi par rapport à ma situation en club aussi parce qu’il y a des choses qui n’allaient pas au sein du Syli qu’il fallait dénoncer. Je l’ai fait. Après apparemment, les choses se sont mises dans l’ordre. Il y avait le côté club pour moi parce que j’avais besoin de temps de jeu. Il faut dire la vérité. La carrière en club est très importante. Pour être en sélection, je pense qu’il faut avoir une bonne situation en club. Là, c’est ce qui se passe très bien. Donc avec mes réflexions, je me suis dit qu’il y a moyen de revenir en sélection. Malgré cela, comme je l’ai dit, j’ai proposé des rendez-vous mais personne ne m’a appelé dans les deux mois. Personne. J’ai proposé mais personne ne m’a appelé. C’est dire qu’un d’un côté, personne n’était intéressée non plus. Après dire qu’il ne veut pas venir, il ne veut pas venir, moi au moins, j’ai cherché à rencontrer les gens. Personne ne m’a appelé, donc je me suis dit qu’au final personne n’était intéressée et qu’ils avaient mieux à faire. Là maintenant quand je vois ce qui se passe, l’histoire de la liste, j’ai appelé pour dire que je veux revenir alors que personne ne sait ce qui c’est réellement passé, c’est un peu facile de faire des titres comme ça qui sont un peu réducteurs pour mettre les gens en mal. Je trouve que ce n’est pas bien.
Personne ne t’a appelé et personne n’est venue ici à Mönchengladbach?
Du staff? Pour me rencontrer? Personne. Personne, personne n’est venue une fois à Mönchengladbach. Personne n’a proposé une fois de me rencontrer. Moi je l’ai proposé. Je dis même que s’il faut venir à Paris, je vais venir pour discuter avec le coach ou ses adjoints. C’est juste un des adjoints de Luis qui est venu chez moi à Paris pour discuter. Chez moi ici à Mönchengladbach, personne n’est jamais venue. Et quand il y a la sélection, à dix jours avant tout le monde t’appelle. La vérité quand il n’y a pas match personne ne t’appelle. Tout le monde s’en fout. Tout le monde fait sa vie. Mais à dix jours du match on essaie de mettre un peu de chaos dans la situation, trouver un problème à la source au cas où ça ne fonctionne pas. Je suis désolé, en ce moment, c’est beaucoup sur moi parce que moi j’avais décidé de faire une pause pour me concentrer, c’est ce que j’ai réussi à bien faire. Maintenant quand les choses vont bien, il y a encore toujours un problème qui se passe, non moi je ne me sens pas responsable de quoi que ce soit.
Mais tant que tu ne reviendras pas, la question te sera posée. Ça perturbe non?
Ça ne me perturbe pas. Si ça me perturbait, je n’allais pas bien joué dans mon club, je ne ferai pas de gros match en Ligue des Champions. Sur le plan sportif, ça ne me perturbe pas. En plus, ça me perturbe peut-être pendant deux, trois jours parce que tout le monde va t’appeler et te mettre la pression mais après ça va redescendre. Mais il faut arrêter de donner de fausses informations, de monter les gens contre les gens.
Maintenant on sait que tu ne viendras pas pour les deux prochains matches. Quel est le plan? Qu’est ce que tu envisages dans l’avenir par rapport à la sélection?
Déjà moi je ne réfléchis pas comme ça. Comme je l’ai dit, je voulais arrêter pour que ma situation en club s’améliore et tout ça. Il y a des gens qui ont compris et il y a ceux qui n’ont pas compris. Et à chaque fois on veut revenir et repointer du doigt, lui ne veut pas venir, lui ne veut pas venir. Ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé maintenant. C’est quelque chose que j’ai décidé il y a longtemps. Après, j’ai été sollicité pour un retour de manière correcte, j’ai fait des efforts parce qu’on me dit que je suis très renfermé et têtu. Mais là, j’ai fait des efforts de mon côté, j’ai proposé des discussions, des rendez vous, personne ne m’a appelé, personne ne m’a fait quoi que ce soit pour discuter. Personne n’est venue voir comment je joue un match ici. Après on veut dire qu’il nous a appelé parce qu’il veut revenir. Je trouve que c’est un peu dommage. Quand tu sais que toutes les choses, pour ceux qui se savent se déroulaient bien, et qu’au final il y a des petites erreurs bêtes qui gâchent tout, après il faut assumer. Moi j’assume ce que je dis, j’assume ce que je fais et j’assumerais toujours. Il faut que chacun assume.
Interview réalisée par Tanou Diallo à Mönchengladbach