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De la liberté d’expression économique des journalistes en Guinée (Par Moussa Cissé)

Déclaration du Secrétaire aux relations extérieures de l’AJG (Association des Journalistes de Guinée)

Depuis février 1992, la liberté de dire, d’écrire, de publier, bref, la liberté de presse est une évidence en Guinée. Ce qui n’est toujours pas une évidence, c’est la liberté d’expression économique des pauvres journalistes qui font vivre, parfois au risque de leur vie, les entreprises de presse et leurs patrons aux appétits boulimiques.

En Guinée, la liberté de presse est celle donnée aux patrons de presse pour s’engraisser sur le dos des journalistes qui travaillent dans des conditions inhumaines sans contrats de travail ni convention collective ; sans prime de reportage ni prime de transport; sans déclaration à la caisse de sécurité sociale ni pension de retraite ; sans indemnité de licenciement ni remerciement ; sans bonus ni gratification ; sans couverture sanitaire ni prime de logement ; sans ceci… ni cela…

Tandis que les patrons de presse empochent des subventions qui leur sont annuellement octroyées, payées par l’argent du contribuable, les entreprises de presse bénéficiaires se refusent de payer les impôts sur leurs chiffres d’affaires. La presse est-elle au-dessus de la loi ?

Dans le meilleur des cas, des salaires de misère proposés aux journalistes sont payés, sous table, au compte goute avec des mois de retard. Ceci amène les reporters à ne joindre les bouts qu’avec les perdiems et autres générosités qui leur sont accordés par les organisateurs des évènements. L’on comprend la légitime frustration de ceux qui ne sont pas associés à la couverture de tels ou tels évènements.

La situation est si humiliante que les journalistes, pour sauver la face, n’en parlent pas. Et ce silence profite aux patrons de presse guinéens comme le silence des victimes d’arnaques profite aux arnaqueurs.

Le silence des journalistes face à leur sort ne s’aurait prospérer d’avantage. Surtout face à l’irresponsabilité du Président de l’URTELGUI (Union des Radios et Télévisions Libres de Guinée) qui déclare unilatéralement la non-participation des radios et télévisions membres, lors de la couverture de la cérémonie de prestation de serment du président de la république le 14 décembre 2015. Mais malheureusement pour l’insatiable président de l’URTELGUI, ni les membres de cette vaillante organisation ni les braves journalistes des radios et télévisions accrédités pour l’évènement n’ont pas suivi les agissements folkloriques et amateurisme de celui qui se prend pour le patron des patrons de la presse. Le peuple de Guinée leur en seront reconnaissant pour leur esprit patriotique, la qualité et le professionnalisme de leur travail.

On voit clairement que tous les patrons de presse ne sont pas logés à la même enseigne. Il y a des bons et des patriotes. Il y a aussi des moins bons. Mais il ya surtout des bouffons et des sans scrupules. Ce sont des patrons qui ont créé des organes de presse pour en faire un moyen de chantage, de racketting, de trafic d’influence, d’escroquerie et autres moyens de règlement de compte personnel de bas niveau.

Parlant des subventions accordées par le gouvernement à la presse nationale qui ne vont que dans les poches des membres des principales organisations des patrons de presse que sont URTELGUI, AGEPI, AGUIPEL et autres, quelle est la part des journalistes ? Nous ne pouvons poser cette question qu’au président de l’AJG (Association des Journalistes de Guinée) la première organisation professionnelle des journalistes en Guinée qui a pour mission de défendre les intérêts de ses membres contre entre autres, justement la rapacité des patrons de presse. Le dernier remaniement du bureau de l’AJG remonte à 1995, dirigé par un président qui n’a de comptes à rendre qu’à lui-même. On comprend aisément que la part de la subvention accordée à l’AJG suffit largement à son président. Laissant ainsi les journalistes à leur pauvre sort. A la merci des patrons rapaces de la presse. L’on comprend également que le ci-devant président de l’AJG est en déphasage de la réalité quant au sort des journalistes de la presse privée. Puisque lui est un agent de la fonction publique. Il a un contrat en bonne et due forme avec l’Etat, lui donnant droit aux primes, indemnités et autres avantages prescrits par la loi avec à la clé une retraite assurée. Nous autres journalistes de première génération de l’ère de la presse en Guinée n’en diront pas autant. Allons-nous léguer la même situation à nos cadets, à nos fils et à nos petits-fils ? Que NON.

En ma modeste qualité de membre du bureau exécutif de l’AJG mis en place depuis plus de 20 ans, il est de mon devoir de ne pas garder le silence plus longtemps car on nous jugera pour les responsabilités qui nous ont été confiées. A ce titre, me libérant de l’obligation de réserve observée jusqu’à maintenant, je mettrai tout en œuvre pour que le Président en exercice convoque une assemblée générale extraordinaire dans les jours qui suivent afin que les journalistes puissent procéder, en toute démocratie, au renouvellement du bureau exécutif de leur organisation conformément en ses statuts et règlements intérieurs.

Le temps est venu de doter l’AJG d’un Bureau exécutif capable de défendre les intérêts et les libertés d’expression économique des journalistes face à l’exploitation éhontée de certains patrons de presse sans foi ni scrupules qui n’ont aucun état d’âme à obliger leurs journalistes à se livrer à la mendicité comme de petits talibés désœuvrés. I have more for you…

Signé : Moussa CISSE, Journaliste

.Secrétaire aux relations extérieures du Bureau exécutif de l’AJG

.Ancien secrétaire General du LYNX et de L’INDENDANT

.Ancien chroniqueur politique, auteur de ‘’La lettre du Préfet au Président’’ (Lynx et L’Indépendant)

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