Dernier sommet de l’année pour les chefs d’Etat ou de gouvernement européens. Ils ont rendez-vous cet après-midi à Bruxelles. Au menu : la menace terroriste, les revendications de la Grande-Bretagne pour réformer l’Union européenne (UE), les sanctions russes. Et encore une fois, un gros morceau : la crise migratoire et les relations de l’UE avec la Turquie.

Les discussions promettent d’être vives, tant l’Europe reste divisée sur les réponses à apporter à l’afflux de réfugiés. Les solutions acceptées bon gré mal gré, ces derniers mois tardent à être mises en œuvre.

Le mécanisme de relocalisations démarre très lentement. Sur les 160 000 personnes qui doivent être envoyées de Grèce et d’Italie vers d’autres pays de l’UE, quelque 200 seulement ont d’ores et déjà fait le déplacement. Le mécanisme est même en train de se gripper. La Suède a en effet obtenu de ne plus participer au programme de relocalisation et d’autres pays pourraient lui emboîter le pas.

Débat sur la Turquie

Dans la vaste problématique de la gestion des flux migratoires, la question des relations avec la Turquie est un élément incontournable dans l’immédiat, mais aussi une source de préoccupations, voire de début de controverses. Clairement, Ankara tient tous les atouts en main car seules les autorités turques sont en mesure de freiner les flux migratoires en provenance de la Syrie et de l’Irak, en attendant que les Européens créent à la fois un système plus efficace de protection de leurs frontières extérieures et des procédures plus rigoureuses de gestion des clandestins.

Mais, parallèlement, les Européens comme les Américains ne peuvent que constater que les Turcs ne mettent pas tout en œuvre pour empêcher les va-et-vient des jihadistes en transit par leur territoire. De même qu’ils paraissent fermer les yeux sur les exportations de pétrole du groupe Etat islamique. L’espoir des Européens réside pour le moment dans le financement par eux de camps de réfugiés aux normes sanitaires européennes, pour y fixer le plus grand nombre de Syriens, au moins jusqu’au printemps.

« Hot spots » et gardes-frontières

Quant aux « hot spots », ces centres, censés faire le tri entre les candidats à l’asile et les migrants économiques, seuls deux fonctionnent en Grèce et en Italie, avec des moyens limités. Les 28 devront donner leur réponse au plan de la Commission européenne pour reprendre le contrôle des frontières extérieures de l’Union, avec la création d’un corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes.

Bâtie sur les bases de Frontex, la nouvelle agence aurait des prérogatives étendues et un personnel permanent de 1 000 personnes d’ici 2020, auxquels s’ajouteront au moins 1 500 gardes-frontières, qui devront être mobilisables en quelques jours. Mais le projet rencontre déjà de vives résistances, certains Etats membres y voyant une atteinte à leur souveraineté.

La Grande-Bretagne au coeur des débats

Le Premier ministre britannique se rend ce jeudi à Bruxelles dans l’espoir de faire avancer les réformes qu’il exige de l’Union européenne, afin de pouvoir organiser au plus tôt leréférendum sur l’appartenance du Royaume-Uni aux 28. Mais David Cameron a déjà admis qu’il ne pensait pas voir ses demandes aboutir lors de ce sommet qui s’annonce peu confortable pour le leader conservateur.

David Cameron arrive isolé à Bruxelles, commente notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. Le Premier ministre britannique a quatre revendications principales concernant la souveraineté, la gouvernance, la compétitivité et l’immigration.

Mais c’est ce dernier thème et son projet de priver les citoyens européens de prestations sociales pendant quatre ans qui rencontre une farouche opposition. Ses partenaires le jugent discriminatoire et reprochent à David Cameron d’en faire l’enjeu central du référendum qu’il souhaite organiser dès la mi-2016.

Un « Brexit » ?

Ils voudraient voir le Premier ministre tenter de convaincre les Britanniques des intérêts plus larges à rester au sein de l’Union. Mais pour les experts, c’est pourtant cette renégociation qui aura un impact décisif sur l’issue du référendum.

« Les Britanniques n’accepteront pas d’être dans une Union où leur voix ne compte pas et si David Cameron est humilié ils ne voteront pas pour rester dans l’Union européenne, analyse Mark Léonard, le directeur du Conseil européen des relations internationales, un centre de recherche indépendant. Qui plus est la question de l’immigration est tellement importante politiquement qu’il faudra pouvoir faire des concessions à ce sujet. »

Les désaccords sont tels pour le moment qu’aucune avancée significative n’est attendue cette semaine. Le président du Conseil européen Donald Tusk dit plutôt tabler désormais sur un accord en février.

RFI