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Plume à Aboubacar Diallo du 04 Janvier 2016

C’est une Guinée, débarrassée de peur et d’un boulet qu’elle traînait au pied depuis deux ans, appelé Ebola, pleine de confiance, qui va tenter d’écrire une page nouvelle de son évolution. Une Guinée que tout prédispose enfin à un décollage économique. Mais, pour y arriver, elle a besoin de panser ses blessures intérieures et réunifier toutes ses forces.

 Dans le NBA américain, on appelle cela le ‘’ Money time’’, le ‘’ momentum’’, chez les économistes. Oui, la Guinée se sent fière, elle se sent poussée des ailes, prête à s’envoler tel un aigle de Kalahari, dans un firmament dégagé de tout assombrissement. Rarement, elle a amorcé un nouveau cap de son évolution, avec moins de boulets aux pieds, moins d’amphibologies, mais plus de crans, plus d’aplombs, en principe. Hormis les impédimentas que nul ne peux soupçonner, dans un parcours, rien ne semble profiler qui puisse obérer son avenir immédiat. C’est à nouveau un autre tournant décisif, un cap nouveau, qui se voudra celui de la bonne espérance, celui de la transformation, celui du rebond, celui tout court de la pérestroïka. A présent qu’elle a derrière elle la peur dont elle était transie, de crainte de lendemains électoraux qui déchantent généralement sur le continent, à présent qu’elle a été officiellement déclarée débarrassée d’Ebola, à présent qu’elle est sur le point de se doter d’un nouvel attelage gouvernemental avec à sa tête, un homme neuf, sorti des entrailles du secteur privé, et qui échappe, à priori, aux louvoiements de clans comme c’est le cas d’habitude, à présent qu’elle semble désormais résolue à assumer son passé à elle, tout son passé, pour cicatriser ses plaies, à présent qu’elle s’est résolue à en finir avec les chicaneries politiques et à sortir à jamais du bastringue dans lequel celles-ci l’y ont conduit et maintenue depuis cinq ans et qui l’avaient clouée dans le sixième dessous, à en juger par la nomination d’un des principaux leaders de l’opposition, à un poste taillé sur mesure, dans les roues du locataire du palais Sékoutoureya, tel un bateau qui largue les amarres, elle semble avoir roue libre pour mettre flamberge au vent pour des conquêtes plus victorieuses, à la réalisation desquelles, elle aura besoin cependant des bras de tous ses fils et filles. D’où l’impérieuse nécessité que l’élan d’apaisement général, de décrispation politique, d’une réconciliation vraie, amorcé, soit soutenu, renforcé, qu’il soit amplifié. Oui, c’est le lieu d’interpeler Monsieur le président de la République, pour lui dire qu’il a tout à gagner en s’inscrivant dans cette voie, qu’il a tout à gagner en pousser au pardon, au rassemblement, pour qu’à nouveau, les guinéens rouvrent leurs cœurs à la fraternité, pour qu’à nouveau, ils réapprennent à s’aimer, à s’accepter, à regarder dans la même direction, celle d’une communauté de destin. Oui, l’élan pris est à salué, oui il est tout aussi à encourager. A Alpha Condé, désormais de savoir rester sur le sillon qu’il semble vouloir se tracer en évitant autant que faire se faire de retomber dans les travers oratoires qui lui ont, par le passé, valu, de faire dérailler des processus allant dans le droit fil de l’apaisement, pourtant bien emmanchés. En lançant, depuis le siège de son parti, qu’il n’accordera plus de grâce et que l’impunité est terminée en Guinée, Alpha Condé, fait une de ces sorties maladroites, malhabiles dont lui seul est coutumier, qui ne servent pas justement à la cause de cet élan combien flatteur de réconciliation et d’ouverture, salué et apprécié à sa juste valeur par ses compatriotes. C’était inélégant, c’était contreproductif, c’était antirépublicain. Ce n’est point au gré de propos ampoulés, énoncés comme il en a l’habitude, sous l’effet d’une excitation ou d’une colère quelconque, qu’on proclame la fin de l’impunité en Guinée ; Ce n’est point non plus en refusant d’élargir la faveur de grâce à d’autres guinéens, qu’on mettra le holà à l’impunité, Monsieur le président. L’impunité, a été, vous le savez vous-même, cette réalité qui a été l’une des plus répandues, le long de votre première mandature : que de concussions, que de prévarications, restées impunies ? Dieu seul en connait le nombre. Attention, à ne pas confondre mesure en faveur de l’apaisement, du pardon, de la réconciliation et du rassemblement à une obsession hystérique de lutter contre un mal qu’on a laissé s’incruster. L’élan pris doit être amplifié, doit être fortifié, pour qu’à jamais la Guinée sonne l’heure du rappel de tous ses bras valides, de toutes ses forces, de toutes ses compétences, où qu’elles se trouvent, pour bâtir une nation prospère qui fera pâlir d’envie…

 

 

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