Le ministre de l’Unité nationale et de la citoyenneté, Khalifa Gassama Diaby, a insisté, hier, lundi 25 janvier 2016, à l’occasion du 45ème anniversaire des pendaisons publiques du 25 janvier 1971, sur l’impérieuse nécessité de rendre justice autour de cette sombre page de l’histoire de la République de Guinée, a constaté sur place le reporter de Guineemation.com qui a suivi la cérémonie commémorative organisée par les victimes et les enfants des victimes au Pont 8 novembre, dans le quartier Moussoudougou de la commune de Kaloum.
Dans son intervention de circonstance, le ministre de l’unité nationale et de la citoyenneté, Khalifa Gassama Diaby a exprimé la solidarité du gouvernement et de l’ensemble de la société guinéenne à l’endroit des victimes et de leurs familles. Il a mis l’occasion à profit pour rappeler les valeurs humaines et de justice qui fondent cette obligation de solidarité et de soutien :
« On ne regarde pas le passé avec les yeux du passé ou, du moins, pas simplement avec les yeux du passé. On le fait aussi avec les yeux du présent et les valeurs qui sont constitutives de ce présent. Sinon, on apportera de jugement si légitime et si fondé sur un certain nombre de crimes de l’histoire. Il faut oser, il faut que la société guinéenne ose regarder son histoire douloureuse en face. Et y porter un regard critique, au nom de la justice et de la morale, de façon humaine et politique. Une société saine est une société qui ne fuit pas son histoire, qui ne fuit pas son passer, qui n’a pas peur de tourner le dos à cette histoire. Elle doit être allergique aux douleurs, aux frustrations et aux injustices de ce passé. Si nous voulons faire une unité nationale, dans le sens politique et morale, du terme, si nous voulons construire une nation juste, démocratique, respectueuse des valeurs humaines, des droits humains, fondée sur des valeurs d’humanité universel, nous nous devons de le faire en rassemblant toute les filles et tous les fils de ce pays dans la justice, dans la vérité, dans le respect des mémoires, dans la fraternité, en prenant en compte nos peines, nos douleurs, nos joies, nos fiertés, nos hontes, nos doutes et nos rêves respectifs. C’est en cela une nation, et c’est cette nation dont notre pays à tant besoin. Mais cette nation sera construite sur la vérité, sur la justice, sur la mémoire et il faut le dire sur le pardon. Le pardon est difficile, mais il est absolument indispensable au bout du processus de réconciliation qui est tout à fait nécessaire et incontournable dans notre pays. Ce combat pour une nation démocratique, notre gouvernement entend le mener sur la base de la vérité, de la justice et du pardon pour aboutir à une réelle et véritable réconciliation dont on a tant besoin dans notre pays. Qu’on nous dise bien sur certains de bonne fois, d’autre encore moins qu’on a pas besoin de réconciliation dans notre pays, parce qu’on n’a pas connu de guerre. Il est vrai que nous n’avons pas connu de guerres civiles ouvertes dans notre pays, mais la question est de savoir, s’il faut nécessairement une guerre pour que la société soit en conflit avec elle-même, avec son Etat, avec son territoire pour qu’elle soit dans la déchirure pour qu’elle soit divisée? Je réponds ici clairement non. Nous avons dans notre pays besoins de réconciliation, surtout réconciliation, surtout de réconcilier le peuple avec son histoire. Le peuple avec l’Etat, le peuple avec la puissance publique.
Quelle triste société que celle qui n’est pas capable d’inculquer en ses filles et fils, la grandeur de l’humanité de la compassion, de la compréhension. Oui de la compréhension de nos blessures, de nos douleurs, notamment celles des victimes et des familles des victimes ici présent.
Nous devons dans ce pays être en capacité d’écouter les victimes, toutes les victimes, d’être à leurs écoute et d’être en mesure d’enclencher un véritable processus de justice pour l’honneur et la dignité des victimes de notre pays.
Je voulais finir ces petits mots par une citation d’un intellectuel célèbre d’un pays amis et frère, je veux parler bien sûr de la France. C’est Charle Degaulle qui disait qu ‘’une seule injustice, un seul crime, une seul inégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l’humanité, une seule injure à la justice et au droit surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social. Une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre d’honneur, à déshonorer tout un peuple.’’ J’invite tout un chacun à réfléchir à cette citation. Vive la paix en Guinée, vive l’unité nationale, vive la justice et la mémoire des disparus » a déclaré le ministre de l’unité nationale et de la citoyenneté, Kaliffa Gassama Diaby.
Abdoulaye Oumou Sow pour Guineematin.com