La pauvreté de la femme guinéenne s’intensifie de jour en jour. En dépit des activités plus ou moins rentables qu’elles pratiquent pour subvenir aux besoins de leur famille. Actuellement, la plupart d’entre elles scionnent les cinq Communes de la Capitale des boulots, servante, cuisinière, bonne ou laveuse d’habits… Pour ainsi disent-elles trouver la dépense journalière.
Dans la banlieue de Conakry, elles sont nombreuses qui, tous les matins en particulier les weekends sont à la recherche d’habits à laver. Dans le quartier Yimbaya, plus précisément à Faban, derrière l’aéroport dans la commune de Matoto, nous rencontrons Madame Aicha Sylla accompagnée de sa fille qui vient de temps en temps l’aider dans cette tâche difficile. Programmée, il y a trois jours par une de ses clientes. Elle se rend dans une concession où elle est accueillie par la maitresse de maison. Qui aussitôt arrivée, la présente sa corvée du jour.
Sous un soleil de plomb, les deux femmes se mettent à l’épreuve. Trempées de mousses de savons, la fatigue commence à se ressentir. Toujours concentrées sur leur dur labeur, elles ne voient pratiquement pas le temps filé. La maman concentrée ne dit mot. Sa fille Kadiatou Barry se confie à nous. « Je viens derrière ma maman chaque dimanche pour l’aider. C’est un travail difficile mais comme nous gagnons notre vie de dan, je le fais. Chaque dimanche, nous passons dans trois à quatre familles. Parfois, nous rentrons avec 90 mille francs guinéens voire plus. Nous avons des clients qui, après le contrat mettent le riz pour nous et nous donnent plus d’argent. D’autres par contre nous discutent et même à la fin refusent d’honorer la convention. Mais, nous continuons notre travail. Comme on le dit, les hommes sont différents », a-t-elle dit.
Résidant à Matoto, Aicha Sylla parcourt des kilomètres pour trouver des habits à laver. Elle estime que ce travail lui apporte une certaine autonomie financière en espérant des jours meilleurs. «Ce travail est une véritable source de revenus pour moi. Je peux gagner 40 mille fg, 60 mille fg. ça dépend de ma motivation. Si je fais trois ronde, je gagne jusqu’à 150 mille par jour. Je lave un complet à 3000fg ou 2000fg, les draps par exemple, je les laves à 4 000 fg ou 5000 fg. Et le soir, ça me permet de rentrer avec une somme conséquente. De quoi nourrir mes enfants et moi.
Ce que gagne mon mari ne suffit pas à couvrir les besoins de toute notre famille. Donc, je suis obligée de faire ce travail pour au moins assurer la scolarité de mes enfants et nos besoins primaires », affirme-t-elle en soupirant.
Mais pour sa fille Mariama Hawa Camara élève en classe de terminale, voir sa mère dans cette souffrance n’est pas chose facile pour elle. En larme, cette jeune femme peine à s’exprimer. « Ma mère a pris de l’âge maintenant. Elle ne mérite pas de souffrir à ce point. Faire la bonne pour les gens ici et là, ce n’est pas une vie. Je suis triste de la voir comme ça et de ne pas pouvoir l’aider à supporter les charges de la famille. Je ne suis qu’une simple élève. Je n’ai aucune source de revenu, mais ça m’encourage à prendre mes études au sérieux, pour que notre situation change un jour », déplore-t-elle.
Cependant, cette mère de famille tente en dépit de tous de se constituer un petit fonds de commerce de départ pour se lancer dans une autre activité, le commerce de préférence. Et de rassurer sa fille d’un lendemain meilleur.
Avec cette note d’espoir les deux femmes reprennent leur chemin à la recherche de nouveaux habits à laver.
Aujourd’hui, avec les Muffa (des mutuelles qui accordent des prêts aux femmes et jeunes initiés par le Président de la République, le professeur Alpha Condé,) sont entrain de faciliter l’insertion socioéconomique de ces derniers.
BIS