Le cinéma étant la courroie de transmission entre la vie quotidienne, la culture, la tradition et la fiction afin de permettre plus de visibilité à l’endroit du public. Isabelle Kolkol Loua, incarne merveilleusement l’image novatrice du 7ème art guinéen. Dans cette interview, elle explique ainsi son désir, sa vision et son réalisme en vue de valoriser voir propulser la culture guinéenne à travers sa création cinématographique.
Horoya : Comment cela a commencé et qu’est-ce qui vous a motivé à faire le cinéma ?
I K L : Au départ, je voulais être journaliste. Mais, vu qu’il n’a y avait pas au moment où on m’orientait au Bac, l’Institut de journalisme spécifique. Donc, j’ai décidé d’aller à Dubréka pour le tronc commun après je verrais une fois là-bas, j’ai découvert les coulisses, les rivages du cinéma, l’histoire du cinéma et tout. Ça été comme un coup de foudre ; tout de suite, j’ai été passionnée, j’ai voulu découvrir plus et je me suis noyée dans le milieu.
Quelles sont les thématiques abordées dans votre film ?
Le film que je viens de réaliser est un moyen métrage qui est intitulé ‘’ The Way’’ (chemin). La thématique traitée dans le film est l’immigration. La migration irrégulière. Et nous avons traité dans ce film et tout autre point de vue qui est un plus de celui l’impact familial. C’est la décision de partir, mais au final, le film met plus l’accent sur la liberté de pouvoir rester et d’investir chez soi. Et de devenir quelqu’un ici, si, on a la volonté.
Quelle est votre source d’inspiration ?
Ma source d’inspiration est la nouvelles de tous les jours. Surtout à la télé, on voit 100 morts ou 400 morts repêchés. Et j’ai commencé à me poser la question à savoir, qui est-ce qui pousse les gens vraiment à partir ? Je sais que c’est le désespérer que quelqu’un quitte sa famille pour partir, il y a forcément une raison très forte et les gens n’ont pas peur de mourir. Bon ! C’est n’est pas la peine de dire aux gens tous les jours ‘’ ne partez pas’’. Faites créer de l’espoir pour ces gens-là. C’est ce qui m’a inspiré à me dire ‘’ bon’’ ! je vais réfléchir à un autre thème, un autre point de vue en mettant en scène un jeune homme qui était dans des problèmes, qui avait toutes les raisons qui a décidé de rester pour valoriser son diplôme, mettre son diplôme en commun avec son talent naturel qui est la cuisine pour créer ou vouloir faire un restaurant. Une chose que les parents n’apprécient pas du tout.
Donc, ma source d’inspiration est juste cette qu’interpelle ces âmes qui crient tous les jours sur la méditerranée, moi je les entends et ça me touche, je me sens concernée.
Ce film est-il votre premier ou vous avez fait d’autres ?
J’ai déjà fait des films, beaucoup de films. Mais, la plupart, je fais des fictions, des documentaires. Ce film-ci est ma première œuvre de création. Parce que les autres œuvres aussi professionnelles, sont à la demande, d’où, la non commercialisation de ces films. C’est que les gens qui demandent ce qu’ils en font leur regardent.
Etant cinéaste, pouvez-vous dire s’il y en a de relations entre vous et ceux des autres pays ?
Oui bien sûr ! i y a des relations entre nous. En février dernier, j’étais à une résidence de culture à Ouagadougou où, j’étais l’unique guinéenne, il y avait tous les pays d’Afrique.
Ce rendez-vous a coïncidé avec le cinquantenaire de FESPACO et tous les cinéastes du monde étaient là. C’est vrai, on est dans les forums internationaux où on échange. D’ailleurs, il y a un cinéaste burkinabé qui est là en Guinée avec lui, on est en train de travailler sur un projet sous-région al.
Des projets à la rencontre avec les autres cinéastes ?
Oui ! Au fait, au-delà de cette rencontre-là, on a décidé de se mettre ensemble. Nous sommes ensemble et nous avons un forum qui regroupe tous les pays francophones d’Afrique. On essaie aussi d’ouvrir le forum à l’autre entité anglophone existante en Afrique. On est en train de mettre une base de données commune de tous les métiers de cinéma. Comme ça, lorsque j’ai un projet en Guinée, je peux aller choisir mes acteurs, ou associer des techniciens d’un autre pays (ivoiriens) et à des coûts relativement acceptables. Donc, à l’intérieur de cette mise en commun, on organise aussi des sessions de formations, des masters classes, des exposés et beaucoup de choses. Pour le moment, on fait ces exposés tout en ligne. Mais, on va vers le moment où, ça sera plus concret, on se déplacera aller dans un pays pour le faire. Ça sera bientôt le cas de Togo ; on va tous aller au Togo pour un projet d’ensemble.
Bénéficiez-vous du soutien de l’Etat par rapport à ce vous faites ?
Eh bon ! Pas comme je le souhaite, pas comme les cinéastes le voudraient. En Guinée, le cinéma n’est pas très considéré comme avant. Maintenant, c’est le cadet des soucis de nos autorités. Donc, je voudrais bien qu’il soit plus présent ; qu’il y ait un fonds pour le cinéma. S’il y a un fonds pour le cinéma comme au Sénégal où, il y a deux milliards de francs CFA/an pour le cinéma ou le Mali six milliard de CFA, ce sont que des exemples, ça professionnalise le secteur. Parce ce que le cinéma vend le temps, sa culture et sa coutume.
Aujourd’hui, on est des consommateurs des étrangères toutes nos filles veulent se marier comme des nigérianes. Pourquoi ? Parce que le Nigeria a vendu son image. Alors aujourd’hui, le français pense que Samory Touré était un satirique. Parce que le film Samory Touré, le film était fait par un français. Il a montré ce qu’il a voulu montrer. Si l’histoire de Samory est expliquée par un vrai guinéen qui connait la réalité de Samory, cela permettrait d’ériger, de mieux valoriser Samory. Donc, ce n’est qu’à travers notre cinéma qu’on peut le faire.
C’est pourquoi l’Etat doit soutenir en mettant un fonds pour le cinéma en place. Et ce n’est pas encore le cas.
Vous en tant que cinéaste comment voulez-vous voir le cinéma guinéen ?
Ce que je voudrais, je voudrais revoir le cinéma guinéen hissé au top. Comme au temps du président Ahmed Sékou Touré. Parce que ce bâtiment qui est là, qui est le ministère de de l’Information et de la Communication est à l’origine laboratoire de production du cinéma en Guinée. La Guinée était prévue comme pays de production cinématographique. De l’Afrique de l’Ouest et le Burkina, l’état et de promotion. Mais, ce ne fut pas le cas. Donc, moi sourire, c’est trop grand pour moi. J’aimerais qu’on se mette ensemble en tant que cinéaste. Si on n’est pas fédéré, même en Guinée, on ne peut obtenir ce qu’on demande à l’Etat. Parce que c’est quand on est uni qu’on devient influent. Et si on est influenceur, on oblige l’Etat à nous regarder. Mais si on va en rang dispersé, personne ne nous prendra au sérieux. Alors que le cinéma est le 7ème art, ce qui veut dire que nul ne peut le faire tout seul. Pour une œuvre, c’est toute une famille qui travaille auteur. Donc, j’exhorte tous les cinéastes guinéens à être ensemble. Si on ne se met pas ensemble, on ne pourra rien faire. Là où, on vend que les films guinéens arrivent pour être compétitifs. C’est d’ailleurs l’un des buts de notre projet qu’on veut installer. Amener ces jeunes de cinéma populaire qui ont un marché, qui ont une cible, qui vivent déjà à se professionnaliser. On les amène à être en émulation avec les professionnels pour pouvoir les apprendre comment écrire un film, comment rendre un scenario bancable, comment monter un projet et comment faire la différence un travail de création et un travail de distribution massive parce qu’il y a des films qui sont destinés au festival.
Mais comment pouvoir faire la différence entre le simple cinéma et le téléfilm. Il y a beaucoup de choses qui rentrent en ligne de compte que l’acteur guinéen doit connaitre. C’est quoi un acteur, quels sont ses droits et devoirs ? Il ne doit pas se laisser manipuler par le producteur, il ne doit juste vouloir l’envie d’être à la télé et se laisser piétiner ses droits ; qu’on lui paye mal. Nos acteurs ne sont pas des célébrités, on ne les connait nulle part. Alors qu’ils sont talentueux, mais, parce qu’il leur manque de visibilité, de protection juridique. Du coup, moi personnellement, j’ai en qu’on se mette ensemble, qu’on se réveille pour vendre notre industrie. Si on ne réveille pas, notre industrie commune, on ne pourra aller nulle part. Moi, je peux faire des films qui peuvent aller dans les festivals, inch Allah. Mais, on ne parlera que de moi et à travers moi, on va parler de la Guinée en passant. Mais, si notre industrie est forte, à travers elle, ça va se pérenniser.
En Guinée, on ne peut pas et il n y a pas de meilleur artiste que de l’autre ; puisque c’est quelque chose de spirituel avec les petites crises de jalousie.
Il y a –t-il une rencontre entre les cinéastes guinéens par mois ou par an ?
Oui ! Il y a déjà une fédération des cinéastes qui s’est déjà cognée le nez au passage. Mais, on est en train de la remettre en place. On a déjà pris des comptes contacts avec les anciens membres pour redynamiser. Et qu’on essaye de mettre des tarifs en place.
Votre dernier message
Mon message est que j’invite tout le monde à venir le 10 octobre regarder le film « The-way ». C’est pour tout le monde ; c’est pour cela que la rentrée est libre. Je trouve paradoxale qu’on veut que les aiment le cinéma et qu’on les fasse payer de façon exorbitante. Ce n’est pas logique. Ça n’engage que moi. Donc, la rentrée est libre et les invitations sont sur Facebook. Encore une fois, produisons car, c’est ce que le Nigeria a compris. Ils ont pris en masse et aujourd’hui, ils produisent en qualité. Début, ils produisaient en quantité, actuellement, c’est qualité. Ils ont pu faire aimer leur cinéma, leur pays et leur culture. En plus, ramener les gens à la source puis que notre jeunesse est coupée de ses racines et de ses repères. A travers notre art et culture, on peut avoir la certitude et l’espoir de ramener notre jeunesse à aimer sa terre. Tout cela peut être possible parce que le cinéma est un art visuel.
Interview réalisée par : Amara Touré & Lamine Soumah