Une des premières institutions républicaines, suite à la proclamation le 02 octobre 1958 de l’indépendance, l’armée guinéenne a été créée le 1er novembre de la même année.
Pour le jeune gouvernement de la nouvelle république indépendante, l’armée guinéenne a été créée dans le but de combler un vide; celui issu du départ des forces armées françaises, toutes rappelées par la métropole.
Ainsi donc, il s’agissait pour les nouvelles autorités guinéennes de doter sans attendre la jeune république de ses propres moyens de défense et de sécurité afin de garantir son intégrité territoriale.
Cependant, il n’est pas exagéré de rappeler que notre armée guinéenne est partie de rien pour entreprendre sa marche sous la direction d’officiers patriotes venus au secours du pays. Ces officiers avaient renoncé en venant aux privilèges dus à leurs rangs dans l’armée française pour se consacrer à l’encadrement et à la formation de la jeune armée nationale dont ils bâtiront en un temps record les principales structures.
Selon nos informations, en 1960 déjà (deux ans après sa création), malgré les faibles moyens dont elle disposait, l’armée guinéenne est intervenue sous l’égide des Nations-Unies dans la crise de l’ex-Congo-Belge, actuelle République Démocratique du Congo (RDC).
A l’époque, l’Organisation des Nations-Unies avait déployé les casques bleus dans ce pays, nouvellement indépendant pour la préservation de son intégrité territoriale menacée par la sécession Katangaise alors dirigée par Moise Tschombé.
S’acquittant de ce devoir internationaliste, l’armée guinéenne a démontré la capacité des jeunes états d’Afrique à participer efficacement à la question des conflits en Afrique. C’est ainsi que notre jeune armée s’est tracée la voie qui devait la mener plus tard aux côtés des peuples africains en lutte pour leur indépendance
Au titre des repères significatifs du parcours de l’armée guinéenne on peut sans ambages citer :
De 1963 à 1974, elle a soutenu sans réserve la lutte armée menée en Guinée portugaise (actuelle Guinée Bissau) par le PAIGC d’Amilcar Cabral contre le colonialisme portugais. Ce mouvement nationaliste avait des bases en République de Guinée où, elle bénéficiait de l’expérience combative de l’armée guinéenne ainsi que de sa contribution en ressources humaines et matérielles.
Malgré, l’agression perpétrée le 22 novembre 1970 par le colonialisme portugais contre la République de Guinée, l’armée guinéenne a, cependant continué à s’investir dans la lutte de libération du peuple frère de Guinée Bissau à travers son contingent d’intervention stationné aux frontières du pays en lutte. Contingent à l’époque sous le commandement du Président Général Lansana Conté alors Lieutenant Colonel.
An 1975, au lendemain de l’indépendance de l’Angola, notre armée a effectué une mission dans ce pays dans le but de l’aider à mettre fin à une guerre civile déclenchée par des factions angolaises soutenus à l’époque par le régime d’apartheid d’Afrique du Sud. Là, elle s’était battue aux côtés du mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) d’Agosthino Néto.
Nous sommes ensuite en 1977, année au cours de laquelle, la République sœur de Bénin a bénéficié de l’appui des soldats guinéens, lorsqu’une colonne de mercenaires dirigée par Bob Dénar avait tenté de renverser le régime de Mathieu Kérékou.
Sur le plan politique, l’armée guinéenne pris le pouvoir le 03 avril 1984 peu après les obsèques de feu Ahmed Sékou Touré, premier Président de la Guinée indépendante, décédé le 26 mars de la même année dans une clinique de Cleveland aux Etats-Unis des suites d’une crise cardio-vasculaire après 26 ans de règne.
En évoquant ce tournant décisif de l’histoire de notre pays, un officier supérieur de l’armée guinéenne qui a préféré garder l’anonymat a dit : ‘’l’armée guinéenne fidèle à sa vocation et respectueuse de la constitution n’a pas fait de coup d’état, le 03 avril 1984. Elle a, plutôt joué un rôle d’arbitre en s’interposant entre les factions rivales nées suite à la brutale disparition du Président Ahmed Sékou Touré. C’était juste pour épargner le pays d’une guerre civile aux conséquences incalculables…’’.
Ainsi, la période 1984-1993 aura été marquée en Guinée par le régime de son armée nationale ; qui, conformément à ses engagements du 3 Avril 1984 a imprimé une nouvelle orientation au pays.
C’est dans cette trajectoire que constitué le 03 Avril 1984, le comité militaire de redressement national (CMRN) instaure dès les premières heures de son avènement, les libertés individuelles, prône le libéralisme économique et entreprend l’ouverture du pays sur l’extérieur. Certes, non dans les règles de l’art.
A partir de l’année 89, l’armée guinéenne s’atèle à la préparation des bases de l’Etat de droit, et la loi fondamentale est promulguée. Ensuite, ce fût l’acte autorisant la création des partis politiques en Avril 1991.
Quelques temps après et, dans la même logique des institutions républicaines notamment la Cour Suprême et le Conseil National de la Communication (CNC) sont nés. Telles sont les bases fondamentales sur lesquelles les premières élections présidentielles pluralistes avec huit (8) candidats ont été organisées le 23 décembre 1993 à l’issue desquelles le Général Lansana Conté candidat du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) a été élu Président de la République de Guinée.
De ce bilan, il ressort que l’armée guinéenne est l’artisan de la démocratie en Guinée.
Après avoir rejoint les casernes, elle s’affirme comme le bouclier protecteur de l’état de droit, une volonté qu’elle a, farouchement traduit dans les faits en s’opposant au coup d’état militaire manqué des 2 et 3 février 1996.
Nous ne pouvons terminer cet élogieux parcours de l’armée guinéenne sans parler de sa brillante participation à la lutte qu’à menée la force d’interposition de la CEDEAO pour venir à bout de la guerre civile ayant ravagé le Libéria de 1989 à 90. Au même moment, la Guinée a appuyé militairement la République de Sierra Léone alors déstabilisée par la rébellion du Front révolutionnaire Uni (RUF) de caporal chef Foday Sankoh suivie de fréquents coups d’état militaires.
L’on ne peut pas ne pas rappeler le farouche combat mené dans les années 2000-2001 par l’armée guinéenne contre des agresseurs repartis en groupes de rebelles qui tuaient et pillaient nos populations le long des frontières sud et sud-est de Pamelap dans Forécariah à Madina Oula (Kindia), Guéckédou, Kissidougou, Macenta en forêt.
Ce glorieux passé historique de la grande armée guinéenne oblige. Comme pour dire que l’on ne peut nullement occulter la part active, certes faite d’embuches accomplies par le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) arrivé au pouvoir le 23 décembre 2008 suite au décès du Général Président Lansana Conté 48 heures avant.
Ce groupe de jeunes officiers ayant pris le pouvoir, ce 23 décembre était dirigé par le Capitaine Moussa Dadis Camara assisté de son frère et ami d’armes, le Général Sékouba Konaté.
Quoi qu’émaillé d’assez de soubresauts, le passé de la junte militaire de décembre 2008 à décembre 2010 aura favorisé et fortement contribué pendant cette période de transition à l’organisation des élections présidentielles de 2010. A l’issue desquelles présidentielles le Pr. Alpha Condé fût élu au deuxième tour Président de la République, Chef de l’Etat. Un acte démocratique hautement à l’actif de l’armée guinéenne.
Chers frères d’armes, bonne fête anniversaire pour plus de succès et de victoire.

Amara Touré