La question  de la chefferie traditionnelle  continue à faire débat au sein de la société guinéenne. Après le bain de sang de Macenta en décembre dernier sur la paternité de la ville entre les communautés Tomas, Tomanias voire les Koniakés, le Parlement guinéen a adopté récemment une résolution interdisant les personnes morales d’approvisionner les coordinations régionales du pays.
En abstenant sur ladite résolution à l’Assemblée nationale, le député de l’Alliance pour le renouveau national (ARN), Me Pépé Koulémou, désapprouve carrément le fonctionnement des coordinations des quatre régions naturelles du pays, qui selon lui ne reflète nullement les besoins et les attentes des populations à la base. Par contre, l’honorable Pépé Koulemou accorde de crédits à la préservation de la chefferie locale d’où le patriarcat de chaque préfecture de la Guinée.
Invité ce vendredi par nos confrères de la radio Espace FM, dans l’émission «Les grandes gueules», le leader de l’ARN n’est certainement pas favorable à la préservation des coordinations régionales de la Guinée qu’il juge trop politique que sociale. «Je n’ai pas voté contre, je me suis plutôt abstenu, vous entendez par l’abstention c’est refuser d’exercer le droit de vote qui est le mien, en refusant parce que je me suis rendu compte que véritablement cette résolution en allait pas en être une, cela ne résolu absolument rien. Dans cette résolution il n’y a pas de fermeté, il n’y a pas de décision dedans», a-t-il critiqué.
«Nous sommes partis du fait qu’en région forestière, il y a certainement les attaques interethniques qui ne se doivent pas moi je regrette ça. Quand vous prenez les Koniakas et les Guerzés se sont les gens qui relèvent de la même ascendance, il ne doit pas y avoir les histoires entres ces communautés. Mais pour des fins politiques, les gens qui veulent satisfaire leurs raisons politiques qui se servent  de ces différentes ethnies qui composent cette région noble et paisible. A mon avis, on devrait plutôt aller au traitement de cette question », pense l’honorable Koulémou.
En proposant la démarche à suivre pour pallier à cette question sensible en Guinée forestière, le député de l’ARN estime qu’il fallait enjoindre au gouvernement de prendre des dispositions qui sont les siennes pour mettre fin à cette cacophonie qu’on a appelé coordination régionale à commencer par Conakry. «Ce régime s’est servi des coordinations pour s’installer, c’est pourquoi nécessaire le Président Alpha Condé qui est le Président de tous les Guinéens doit comprendre que les coordinations n’ont pas d’autorité sur lui. Notre constitution n’admet pas qu’il ait une autre autorité au-dessus du président de la République qui est le père de la nation ». Et poursuivre : « Ces coordinations ont participé à son élection vous le savez mieux que moi. On ne devrait même pas conjuguer cette résolution au conditionnel. Le député ne plaide pas, nous devons prendre des décisions fermes, nous sommes les élus du peuple».
Plus loin l’invité dira que «les coordinations régionales de Conakry sont à bannir parce que les membres de ces coordinations régionales à savoir : celle du mandingue et la coordination de la Guinée forestière, ce sont des amis et sympathisants qui se sont coptés pour s’auto-désigner comme des représentants des régions naturelles à Conakry. Vous trouverez même ils n’ont même pas d’attache à la base. Certains n’ont même pas de cases dans leurs villages».
Sur la question patriarcale,  le député a taclé certains cadres retraités qui s’autoproclament à Conakry comme le digne représentant de la région. «Il y a deux questions qu’il faut distinguer, il y a la qualité du patriarche. Chaque localité a un patriarche, c’est-à-dire la descendance du fondateur du village et il y a la question de la coordination régionale. Je suis pour le maintien de la chefferie traditionnelle, je suis contre cette histoire créée par des fonctionnaires retraités qui n’ont pas où aller au lieu d’aller dans leurs villages  et s’installent à Conakry et s’autoproclament représentants des quatre régions naturelles. Les patriarches ne sont pas une création des autorités administratives, ils sont liés à la création de nos différents villages. Je dis encore une fois, s’il doit y avoir des coordinations, les représentants des différentes communautés commencent à la base. Par exemple en Guinée Forestière, Lola doit avoir des représentants qui ont un rattachement avec le village, ces gens-là  ne seront jamais politisés. Vous verrez à la veille des élections ces différentes coordinations sont toutes politiques », a rappelé Me Pépé Koulémou.
Dans la même dynamique, le leader l’Alliance pour le Renouveau National soutient : «Il faut interdire aux coordinations régionales leur immixtion dans la vie politique avec des sanctions sévères, les envisager dans une loi de la République ». Pour finir, l’honorable Pépé Koulémou a réaffirmé sa volonté de défendre son opinion sur la question. «Je voudrais faire comprendre à mes collègues, précisément au président de l’Assemblée Nationale, que l’Assemblée nationale repose sur le débat, la condition principale de l’existence d’un Parlement, c’est les débats, on ne doit pas occulter les débats. Aussi je suis d’accord pour les chefferies traditionnelles, mais contre les quatre coordinations régionales », a-t-il conclu.
Amara Touré