Plus d’un mois après son investiture, le Chef de l’Etat, Alpha Condé, a entamé la composition de son gouvernement, il y a quelques jours. Dans cette ossature quasiment identique à la précédente, bon nombre d’observateurs n’apprécient cependant pas cette configuration gouvernementale. Selon eux, cela ne reflète guère le slogan «gouverner autrement» d’une part, mais aussi l’intervalle de temps qui l’accompagne d’autre part.
En toute évidence, on pourrait dire que le changement tant attendu n’est pas prêt à faire son décollage, car la plupart des ministres reconduits ont déjà montré leurs limites dans la gestion de leurs départements. Le copinage s’enracine davantage au sein de l’administration publique avec son cortège de laxisme. Est-ce que  une nouvelle ère de gouvernance ? Peu probable. Quand on sait que l’habitude est seconde nature, sachant aussi que les mêmes dogmes règnent au sein de la sphère dirigeante. Du Palais Sékhoutouréya au Palais de la Colomb en passant par le ministère des Sports, de l’Enseignement technique et professionnel, du ministère du Budget pour ne citer ceux-ci. Cela se traduit certainement par les mêmes réalités, soit en pensées et certainement par les faits. On est peut être loin de l’auberge, le désenchantement commence à nourrir le désespoir, on ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de l’ornière.
Au cours de son investiture, le président Alpha Condé avait déclaré : « Je n’ai pas été élu pour servir la cause d’une élite, mais pour répondre aux aspirations légitimes du peuple de Guinée qui se résument à une gouvernance plus équitable, judicieuse et vertueuse à savoir : la justice sociale, l’égalité des chances, la culture du mérite et de l’excellence ».
Au-delà de ces promesses, est-ce que le locataire du Palais Séhkoutoureyah aura les moyens de sa vision ? Est-ce qu’il aura aussi les marges de manœuvre venant de son parti (RPG) ou de ses alliés politiques ? Cela laisse à désirer. Certains citoyens rencontrés ont leur avis sur la formation à compte-gouttes du gouvernement du troisième mandat.
Pour  Sadjo Sylla, enseignant au lycée Cheick chérif Sagalé à Dixinn, c’est une stratégie de patience. « Je ne suis pas certainement convaincu d’un grand changement maintenant. Les mêmes personnes figurent dans ce nouveau gouvernement. Je pense que c’est une stratégie de patience que la classe dirigeante dessine aux yeux du peuple. Je suis néanmoins pessimiste », dit-il.
Face à cette situation, la machine gouvernementale tarde encore à prendre la vitesse de croisière, greffée par la lenteur des dossiers ici et là.
Nènè Binta Bah, citoyenne à la Bellevue, a son avis : « On a l’impression que le président Alpha Condé a un empêchement pour nommer vite ses ministres. Sinon il n’aurait pas mis assez de temps pour nommer ses représentants au sein des ministères. Pourquoi cette intervalle de temps ? C’est du jamais vu en Guinée ».
Le slogan «gouverner autrement» chanté par le Président Alpha Condé avait nourrit de l’espoir, mais sa matérialisation aujourd’hui suscite assez d’interrogations.
Amara Touré