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Dans les campagnes indiennes, l’impossible survie des « pauvres parmi les pauvres » Par Ravi Pinto

Au Bihar, la communauté des Musahars, les « mangeurs de rats », est l’une des plus touchées par les conséquences du Covid-19 et a de plus en plus de mal à se nourrir.
Au soleil couchant, une petite gamelle métallique frémit sur le feu, à même la terre. Dans ce foyer, personne n’a rien avalé depuis le petit déjeuner. Et faute de mieux, ce soir encore, Reshmi Devi et ses quatre enfants devront se contenter de si peu. « Du riz et quelques patates bouillies », dit la jeune femme de 24 ans, enceinte de six mois. Elle habite non loin du village de Sikandarpur, dans l’Etat du Bihar, le plus pauvre de l’Inde, collé au Népal.
En ce mois de juillet, l’atmosphère de la hutte familiale, faite de bric et de broc, est étouffante, à peine tenable. Les fumées du bois irritent la gorge et le nez, et Reshmi Devi se hisse à l’extérieur pendant que sa mixture continue de bouillir. Son sari fatigué laisse apparaître une frêle silhouette au ventre arrondi. Aux alentours, les rizières gorgées d’eau s’étendent à perte de vue, des cochons grassouillets profitent d’une terre boueuse et les buffles ruminent paisiblement. Mais derrière les apparences bucoliques de ces routes de campagne, dans les villages, se cache une terrible misère.
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