Quatre jours après la chute du Président Alpha Condé, le régime d’exception a été établi aussitôt par le Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD), à sa tête le Lieutenant-Colonel Mamady Doumbouya.
Dans cette atmosphère de crise politique à laquelle les Guinéens font face depuis le dimanche dernier (5 septembre), les activités semblent revenir à la normale à Conakry. De même le ballet diplomatique se prépare pour rencontrer la junte au pouvoir. Une situation qui cristallise davantage les débats en Guinée et à l’étranger, condamnant ainsi le putsch du 5 septembre 2021. C’est le cas de l’Union Africaine (UA), la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le Sénégal, la France, la Russie, Chine etc., demandant aux nouvelles autorités le retour à l’ordre constitutionnel et la libération immédiate du président Condé.
A Conakry, les avis sont divergents sur la question. Pour certains, c’était une nécessité. Pour d’autres, une violation des droits constitutionnels.
M. Sékou Abass Touré, administrateur civil à Conakry, dira : «Je pense qu’un coup d’Etat n’est pas la meilleure solution pour aider un pays d’aller vers ses objectifs. Du point de vue économique, cela ralentit l’investissement dans le pays. Sachant que le monde évolue de manière multilatérale. Je voudrais bien que les Guinéens se comprennent à travers des dialogues francs et sincères pour permettre à notre pays de surmonter cette crise».
Mme Fanta Camara, stagiaire au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, ne partage pas l’avis de ceux qui pensent pour la continuité du pouvoir d’alors. «Je n’ai pas apprécié la manière dont ces militaires se sont emparés du pouvoir, mais nous la nouvelle génération, nous aspirons ardemment à un grand changement dans le pays. Après plus de dix ans de promesses sans les réalisées, et sans tenir compte de notre engagement à la fonction publique, j’aimerais qu’on essaye aussi d’autres personnes, histoire de voir s’ils pourront améliorer la vie et le quotidien des Guinéens», a-t-elle laissé entendre.
Sceptique, Philomène Ouendono préfère attendre le concret avant d’en juger : «C’est presque les mêmes discours qu’ils prononcent lorsqu’ils viennent d’arriver aux affaires. On a beaucoup entendu ces genres de promesses dans le pays. En ce qui me concerne, j’aimerais voir d’abord de quoi ils sont capables avant de commenter leur gestion».
Dans ce contexte d’exception auquel le pays fait face, les points de vue restent relativement mitigés tant au niveau social que politique.
Amara Touré