Ministre de la défense pendant plus de vingt ans sous Hosni Moubarak, le maréchal Mohammed Hussein Tantaoui avait pris les rênes du pays pendant près de dix-huit mois en 2011.
Le Monde avec AFP
Le maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, qui a été pendant plus de vingt ans ministre de la défense de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, est mort mardi 21 septembre à l’âge de 85 ans, a annoncé l’armée. « Le commandement général des forces armées pleure un de ses fils et chefs de la guerre d’octobre [1973 – appelée guerre du Kippour par les Israéliens], le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ancien ministre de la défense, décédé aujourd’hui » mardi, a annoncé sur Facebook le porte-parole des forces armées.
A la chute d’Hosni Moubarak, en février 2011, le maréchal Tantaoui avait pris les rênes du pays pendant près de dix-huit mois en dirigeant la junte chargée de la transition avant l’organisation d’élections. Durant cette période, il a souvent été perçu comme un potentiel candidat à la présidentielle, mais son âge avancé et ses problèmes de santé avaient joué contre lui.
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Après dix-huit jours d’une révolte populaire, Hosni Moubarak avait démissionné le 11 février 2011 et remis ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées, dirigé par M. Tantaoui qui était son ministre de la défense depuis 1991. Il avait ensuite été démis de ses fonctions en août 2012 par le président islamiste, Mohamed Morsi, élu à la fin de juin, et remplacé par le général Abdel Fattah Al-Sissi, chef du renseignement militaire.
En juillet 2013, M. Sissi, devenu l’homme fort du pays, avait destitué M. Morsi à la suite de manifestations monstres réclamant le départ du président islamiste. Un an plus tard, il s’est fait élire à la tête de l’Egypte, après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, islamiste mais aussi laïque.
Vingt et un ans de fonctions sous Moubarak
Né en 1935, originaire de Nubie, dans le sud de l’Egypte, Mohammed Hussein Tantaoui a entamé sa carrière dans l’infanterie en 1956, participant notamment à la crise de Suez au moment de l’expédition tripartite orchestrée par la France et la Grande-Bretagne, ainsi qu’aux guerres israélo-arabes de 1967 et 1973. Durant la première guerre du Golfe, en 1991, il avait participé à la coalition dirigée par les Etats-Unis, au moment de l’invasion du Koweït par les forces irakiennes de Saddam Hussein.
Ministre de la défense et de la production militaire durant vingt et un ans sous Moubarak, il a également été nommé chef des armées en 1995. Un câble diplomatique américain de 2008 révélé par WikiLeaks décrit Moubarak et Tantaoui comme des dirigeants « concentrés sur la stabilité du régime et le maintien du statu quo jusqu’à la fin de leur mandat ».
« Ils n’ont tout simplement pas l’énergie, l’inclination ou une vision du monde pour faire les choses différemment », note le câble, qualifiant le maréchal de « vieux et opposé au changement ». Après le soulèvement de 2011, l’armée sera d’abord saluée pour son soutien aux manifestants anti-Moubarak. La junte que dirige M. Tantaoui leur promet alors « un pouvoir civil élu pour construire un Etat démocratique libre ».
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Les manifestants considéraient d’ailleurs l’institution militaire comme une force unificatrice, moins corrompue et moins brutale que les policiers du ministère de l’intérieur. Pendant cette période, M. Tantaoui est forcé, sous la pression de manifestations, de faire juger l’ancien raïs, pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants durant la révolte.
Mais rapidement, les jeunes militants prodémocratie, fers de lance de la révolte, accusent la junte de traîner des pieds pour lancer des réformes démocratiques. M. Tantaoui sera ainsi démis de ses fonctions en 2012 par le premier président civil en Egypte, Mohamed Morsi. Après cette éviction, Tantaoui s’était fait discret. Il avait cependant assisté à la cérémonie d’inauguration d’une deuxième voie du canal de Suez en 2015.
Le Monde avec AFP