En Guinée, la problématique d’emploi pousse certains jeunes à prendre la route de l’exil. D’autres par contre passent par le système ‘’D’’ (débrouillardise) pour pouvoir joindre les deux bouts. Une façon de braver le chômage dans un pays où l’employabilité se pose avec acuité.
Aujourd’hui, le lavage de véhicules et mototaxis est devenu une aubaine ou une source de revenus qui procure facilement de ressources financières à certains jeunes diplômés dont le génie créateur a fini par transformer leurs statuts et leurs conditions de vie. Nombreux sont ces jeunes même les conducteurs de taxi auto et moto qui s’adonnent à cette activité génératrice de revenus.
Ces lieux de lavage, sont généralement situés au bord des routes ou des lieux très fréquentables. Ici et là, on rencontre généralement des élèves, des étudiants diplômés et autres jeunes non scolarisés mais conscients de l’avenir.
Ce jeune adolescent, Alioune Sow, s’est lancé dans cette activité pour éviter le chômage et gagner son petit pain quotidien. ‘’ Quand le travail marche bien, je peux parfois laver trois à cinq voitures par jour. Et le prix d’une voiture varie entre 20 000 à 30.000 Fg ; les gros camions-50.000 à 90.000 Fg. Quant aux motos, c’est de 10 000 à 15 000fng. Et par jour, je peux gagner 500.000 Fg’’.
C’est suite aux échecs répétés au baccalauréat, parce que voulant accéder à l’Université, que le jeune Alioune s’est orienté vers ce petit métier qui lui rapporte aujourd’hui du gain pour satisfaire ses petits besoins. ‘’Je n’ai jamais voulu être dépendant de quelqu’un. Après avoir échoué au bac, j’ai pris la décision d’aborder la vie’’. Détenteur d’attestation du BEPC, Alioune dit avoir fait une seule année dans cette entreprise de Lavage.
Quant à Amadou condé qui n’a fait que 6 mois, se rappelle de ses débuts : « Lorsque je suis arrivée ici, il n’avait qu’un seul point opérationnel de lavage. Des jours durant, j’ai sérieusement travaillé avec le propriétaire ; parfois, on n’était même débordé par le travail, certains clients insatisfaits retournaient sans que leurs véhicules ne soient lavés. Et cette situation me dérangeait à telle enseigne que j’ai fini par prendre la décision d’ouvrier mon propre point de lavage. C’est ainsi que j’ai payé un moteur et tous les outils nécessaires qu’on utilise dans ce travail pour m’installer à un endroit qui convient le mieux. J’ai réussi donc à ouvrir mon propre atelier et d’autres points où j’ai plus de cinq apprentis qui travaillent sans problème’’.
Ibrahima Camara, aussi gérant d’une station lavage auto-motos qui était en chômage après avoir obtenir son certificat de fin de cycle en comptabilité, « je me suis créé une station de lavage auto- motos qui après deux mois d’activités, m’a permis d’être à l’abris des besoins financiers ».
Contrairement à Moussa Soumah qui est encore élève, admis à la terminale, pratique aussi cette activité pour épauler non seulement ses parents mais préparer son examen en payant les frais des cours de révision et la scolarité.
Faut-il signaler que pendant l’exercice de ce métier, ces jeunes rencontrent quelques difficultés dues aux cas de malentendus entre les propriétaires de véhicules et des laveurs de véhicules. Les locataires se disent être souvent victimes des accusations de certains chauffeurs qui les traitent de voleurs. Connaissant la responsabilité qui les incombe, ‘’ nous ne pouvons pas se permettre de prendre un objet oublié dans la voiture. Au contraire, nous leur signalons souvent des objets abandonnés dans leurs voitures pour éviter tout problème », regrette Moussa Soumah qui reconnait leur responsabilité et l’obligation de veiller sur les engins d’autrui pendant le travail.
En tout état de cause, la plupart de ces jeunes, demandent aux nouvelles autorités de penser aux jeunes en créant suffisamment d’emplois pour la jeunesse qui devront s’exercer dans des entreprises ; une manière de résorber le grand chômage dans un pays où l’employabilité se pose avec acuité.
Ibrahima Sory Bangoura