Les Guinéens, 64 ans après avoir eu leur indépendance confisquée, pendant 6 décennies de domination coloniale, continuent à patauger dans la boue des suppositions et dans la vase des contradictions. L’on ne saurait oublier, ce n’est que pour un devoir de mémoire, quand le 25 aout 1958, Sékou Touré vice président du Gouvernement semi-autonome et ses compagnons ont incité le Général Charles de Gaulle, Président du Conseil de gouvernement français à promettre aux Guinéens leur indépendance sans conséquences notables, s’ils votent Non au référendum du 28 septembre. Cela dénotait de la communion d’idées et du patriotisme bâti sur de l’espoir engageant, entre les acteurs sociopolitiques du potentiel Etat souverain de l’Afrique Occidentale Française (AOF), qui devraient, en dépit des difficultés, s’organiser pour faire partager au reste de la population autochtone leur empathie pour l’indépendance immédiate. Il en était une, effectivement.
Déjà, bien avant l’arrivée à Conakry du Chef de la France libre, les militants du Parti Démocratique de Guinée (PDG) section guinéen du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) et leurs alliés du Bloc Africain de Guinée (BAG) de Barry Diawadou , du Parti Socialiste (PS) de Barry Ibrahima ( Barry III) et du PRA des ressortissants guinéens au Sénégal, s’étaient fondus en un bloc avant-gardiste décidé à en découdre avec le système colonial, nonobstant les intimidations et les emprisonnements arbitraires. Les Guinéens de 1958 avaient relevé le défi de l’indépendance malgré la diversité ethnique et les clivages politiques.
En parlant de l’arrivée du Général de Gaulle à Conakry , de l’accueil mémorable de celui-ci de la part des compagnons de l’indépendance, de sa joute oratoire qu’il a eue avec Sékou Touré , des résultats historiques qu’elle a entraînée le 28 septembre et la proclamation de l’indépendance de la Guinée le 2 Octobre 1958, nous amène à croire à la maturité du peuple de Guinée. L’accession de notre nation à la souveraineté nationale est l’œuvre des patriotes d’hier et quelques rares d’aujourd’hui. Ce qui revient à dire que les générations actuelles et futures devront se remémorerde cette page d’histoire pour guider leurs actions individuelles et collectives en vue de donner à la Guinée la prospérité qu’elle a toujours cherchée dans le concert des nations.
Aujourd’hui, les Guinéens se trouvent confronter à des épreuves dans lesquelles leur élite les a plongé. Cette élite, dans sa majorité, ne veut rien partager avec les masses laborieuses qu’elle est censée protéger. Bien que la majorité de la population soit analphabète, cela ne voudrait point dire qu’elle devrait être le melon de la farce. Les ismes négatifs (égocentrisme, ethnocentrisme, régionalisme, communautarisme, népotisme..,) et leurs corolaires que sont l’injustice, le détournement à grande échelle, la corruption en système de gouvernance, l’apatridie, l’arrogance teintée de mépris aggravé ont largement été dans la balance pour donner aux Guinéens un ouf salvateur avec l’arrivée au pouvoir du Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD) du Colonel Mamadi Doumbouya et de ses camarades de combat.
Ainsi, le 5 septembre 2021, l’allégresse était sur le visage de bien de Guinéens. La suspicion qui existait entre époux, frères, amis, collaborateurs et partenairesn’était qu’un vieux souvenir. Le climat délétère qui existait dans le pays disparaissait au profit d’un mieux vivre convivial. Le chômage généralisé des jeunes,confrontés à un avenir professionnel incertainprésageait un lendemain meilleur. Cette hypocrisie de bien d’hommes politiques, manipulateurs à souhaitlaissait le champ libre à un certain regain de confiance hypothéqué dans les méandres d’un semblant de patriotisme. Tous ses facteurs donnent un droit d’espérance au peuple de Guinée qui veut sortir de cette léthargie malsaine.
Que les Guinéens se souviennent de l’unité d’action de nos devanciers qui se sont battus pour l’indépendance nationale. Pansons aujourd’hui les plaies comme nous l’a recommandé le CNRD. Soyons du côté du changement en partageant le patriotisme comme un pain blanc béni de Dieu. Ne récusons pas le changement en acceptant de changer nous-mêmes notre mentalité en devenant un Guinéen
Ibrahima Sory Bangoura