Le 2 octobre 1958, autant qu’on s’en souvienne, marque l’accession de la Guinée française à l’indépendance nationale. De cette date historique à nos  jours, il faut dire que beaucoup d’eau à coulé sous le pont. Consacrée fête nationale de la Guinée, cet événement hautement sympathique a jeté les jalons du rejet systématique de la communauté franco-africaine résolument tournée vers un flou artistique. En « osant » couper le cordon ombilical de la colonisation, la République de Guinée sonnera ainsi le glas d’un asservissement de dépersonnalisation de l’homme noir. Désormais auréolé au sommet de la reconnaissance de la dignité de l’Africain comme partie intégrante de l’humanité dont la contribution à la civilisation universelle ne fait l’ombre d’aucun doute, le Guinéen s’abreuve à la source de la liberté et de la solidarité africaine. C’est en cela qu’il conviendrait aussi d’apprécier à sa juste valeur l’autre facette de l’indépendance de la République de Guinée.
Par ailleurs, il serait superflu de parler de l’indépendance sans rendre un vibrant hommage aux femmes et aux hommes qui fait preuve de combativité et de patriotisme. Il s’agit de ces compatriotes qui ont démonté petit-à-petit la chaîne d’esclavage. À ceux-là, la reconnaissance infinie au Panthéon de la célébrité.
Le feu follet de l’émancipation de la dignité de l’homme noir, nous voulons nommer feu Ahmed Sekou Touré. L’homme qui a battu en brèche le référendum instituant la communauté franco-africaine. Face au représentant de la métropole, il a, dans un discours d’une rhétorique rare déboulonné tout un système d’asservissement des peuples.
Évidemment, la mauvaise foi du colon ne devrait pas tarder à se manifester par la décision du gouvernement du Général Charles DeGaulle, Président de la France d’alors, de faire évacuer aussitôt les Français présents sur place. Abandonnant ainsi le nouvel État à son sort. Mais c’était sans compter avec la détermination inébranlable d’un peuple soudé à son charismatique père de l’indépendance.
Qu’il pleuve ou qu’il neige, l’histoire retiendra que la Guinée a dignement et fièrement défendu chaque centime de l’étendue du territoire national. Elle aura permis au continent noir de sortir de sa torpeur et son complexe de colonisé. Ainsi, le soleil de l’indépendance se lèvera un peu partout sur le continent. Non sans écoulement de sang dans certaines contrées de l’Afrique. D’ailleurs, la Guinée perdra une part active dans la plupart des guerres de libération. Donnant ainsi un sens à sa volonté de participer à la libération totale et effective du continent africain.
Chaque commémoration de cet événement est à saluer avec déférence car comme le dit Jean Tulard, la disparition de l’histoire nationale est une erreur monumentale.
Ibrahima Sory Bangoura