Pendant la période française, Conakry devient la capitale de la colonie des « Rivières du Sud » en 1889, puis de la « Guinée française et dépendances », colonie autonome placée sous l’autorité du gouvernement général de Dakar. En 1890, l’île de Tombo ne compte encore que 150 habitants.

Guinée, a été colonisée par la France et a pour capitale « Conakry », d’où le nom de Guinée Conakry, tout simplement ! En langue berbère, Guinée signifie « Terre des Noirs ».
C’est le 1er janvier 1890 qu’est entré en vigueur le décret choisissant Conakry comme lieu de résidence du Lieutenant-Gouverneur de la Colonie des « Rivières du Sud ». Jusqu’en 1892, Conakry était un port libre affranchi des droits de navigation et de douane en vue de développer le chef-lieu. Les grandes réalisations qui donnent à Conakry son véritable visage de capitale furent l’installation de la conduite d’eau, la construction de la route du Niger et du chemin de fer. La ville déborde alors le cadre étroit de l’île pour s’étendre sur toute la presqu’île formant ainsi deux entités : Conakry et Conakry-banlieue.
Conakry est située dans la presqu’île de Kaloum et ses alentours se prolongent vers l’intérieur par le massif du Kakoulima qui culmine à 1007 m. La ville est comprise entre 9°35 et 9°40 de latitude nord et entre 13°37 et 13°42 de longitude ouest. Elle est limitée à l’ouest par l’Océan Atlantique, au sud par les îles de Kaback, Kakossa et Matakang, au nord par la préfecture de Dubréka et à l’est par la préfecture de Coyah. Le relief de la région est représenté essentiellement par une plaine côtière et une série de collines aux versants à pente douce et uniforme vers l’océan.
La végétation côtière est constituée de mangrove. Le climat de la ville est tropical, et est caractérisé par des températures variant entre un maximum de 37°,5 en avril et un minimum de 24°,6 en août. La pluviométrie moyenne annuelle est évaluée à 4300,7 mm de pluie avec un maximum en juillet-août. Les pluies s’étendent sur 100 à 115 jours environ principalement de mai à octobre. La moyenne de l’humidité relative est de 96,6% pour l’humidité maximum et de 63,1% pour l’humidité minimum.
La population de la ville de Conakry est estimée à 1.667.864 habitants selon le dernier Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-2014). Son taux d’accroissement annuel étant de l’ordre de 6,6%, la population de Conakry avoisinerait les 2.328.338 habitants en 2020, soit environ un sixième de la population guinéenne. La population de Conakry est majoritairement jeune (40%) avec une moyenne d’âge de moins de 15 ans. La population féminine est de 49,7%.
Conakry est situé en pays Soussou, troisième des quatre principales composantes ethniques de la Guinée. Le peuple Soussou est traditionnellement une population de pêcheurs, dépositaire d’un riche folklore. Les visiteurs sont frappés par le caractère monumental et la grandeur de l’art Baga. Sa principale divinité est « Mba » ou « Nimba » la déesse de la fécondité et de l’abondance. A l’instar du reste de la Guinée, la population de Conakry est marquée par une grande diversité de langues, en plus du français, dont les plus importantes étaient reconnues et enseignées durant la Première République : le Soussou, le Pular et le Malinké.
Dans le cadre des réformes entreprises par la Deuxième République à partir de 1984, l’une des premières étapes du processus de déconcentration-décentralisation fut la réorganisation municipale de Conakry. La province Conakry a été supprimée et remplacée par la ville de Conakry par l’ordonnance N°002/PRG/SGG/89. La ville de Conakry a été dotée d’un statut particulier et fonctionnera à la fois en tant qu’instance administrative déconcentrée et en tant qu’autorité décentralisée dotée d’un Conseil élu.
D’une superficie de 450 km2, la région de Conakry est subdivisée en 13 communes, 130 quartiers et 714 secteurs. Les communes (toutes urbaines) sont dotées chacune de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Ce sont Dixinn, Kaloum, Matam, Matoto, Lambayi, Sanoyah, Kagbelen, Tombolia, Ratoma Sonfonia,Kassa, Gbessia et . Les Conseils communaux actuellement en place sont issus du scrutin du 4 février 2018. L’administration et la gestion de la ville sont assurées par un organe délibérant (le Conseil de ville) et un organe exécutif (le gouverneur). Depuis 2016, la fonction de gouverneur de Conakry est occupée par le général Mathurin Bangoura.
Aspects économiques
La région spéciale de Conakry tire un grand profit de son double statut de capitale politique et économique de la Guinée. Elle concentre l’essentiel de l’activité administrative et occupe une place centrale dans l’économie. Grâce au Port autonome de Conakry (PAC) et à l’Aéroport international de Conakry, ou « Gbessia International Airport », l’Etat engrange d’importantes récentes. Le secteur privé s’est développé grâce aux petites entreprises détenues par des étrangers pour la plupart, notamment TOPAZ, Sobragui, les usines de tôles et autres produits orientés essentiellement vers les BTP.
Depuis 2006, de nombreuses compagnies de télécommunication se sont implantées comme MTN, Orange, Intercel, Sotelgui et Cellcom. Le secteur bancaire s’est aussi développé ces dernières années avec notamment la Société Générale, Ecobank, BICIGUI et la Banque islamique. Il faut noter surtout la présence à Conakry d’un tissu extraordinaire de PME plus ou moins familiales et de nombreux artisans dont la dispersion rend difficile l’intégration dans le secteur secondaire moderne. En faveur de la libéralisation de l’économie, le commerce est devenu la principale branche d’activités des actifs dans l’agglomération urbaine de Conakry. Le potentiel touristique existant notamment dans les îles est important mais sous exploité.
Dans la banlieue de Conakry, les activités se réduisent à la riziculture de bas-fonds (dans la zone de Sonfonia et Yataya) et le maraîchage dans les zones d’habitat de type villageoise. L’urbanisation à outrance dévore progressivement les espaces à vocation agricole de cette zone. Les ressources forestières se résument à la mangrove et à quelques îlots forestiers dans les îles et sur la terre ferme. L’élevage est une activité de faible importance avec quelques fermes avicoles sur l’espace périurbain et celui des petits ruminants. Les besoins prothétiques des populations de l’agglomération urbaine sont couverts principalement par la production de l’arrière-pays rural en viande bovine.
Par ailleurs, Conakry fait face à de nombreuses contraintes liées à son évolution, notamment : la mauvaise gouvernance, l’incompatibilité des compétences déléguées avec les moyens transférés aux collectivités, les dysfonctionnements et conflits permanents de compétence et d’intérêt, le faible niveau de formation en matière de gestion des affaires locales, l’incivisme et l’insécurité dans la banlieue de Conakry, la persistance des pénuries d’eau et d’électricité.
Ibrahima Sory Bangoura