Au Burundi, plus d’un mois après leur fermeture, les principales radios privées du pays ont toujours interdiction d’émettre sur ordre du pouvoir malgré les assurances sur leur réouverture qui sont faites depuis fin mai. Les stations indépendantes sont accusées par le gouvernement d’avoir encouragé les manifestations contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza et d’avoir trempé dans la tentative de coup d’Etat de la mi-mai dans le pays.
Les professionnels des médias privés du Burundi dénoncent aujourd’hui le double langage des autorités, qui annoncent la main sur le cœur leur attachement à la liberté de la presse et à la réouverture des radios privées détruites lors de la tentative de coup d’Etat du 13 mai au Burundi.
Officiellement, le gouvernement a proposé à toutes ces radios privées – Rema FM, Isanganiro, Bonesha, RPA, la radio-télévision Renaissance – de rouvrir, mais à condition de mettre en commun leur signal. « Les médias peuvent travailler en synergie à la Maison de la presse, en attendant que d’autres conditions soient remplies », a précisé le ministre burundais des Relations extérieures Aimé Alain Nyamitwe.
C’est ce message qui est donné à toutes les délégations qui visitent le Burundi. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que le procureur général de la République a interdit une nouvelle fois, mercredi 17 juin, à toutes ces radios, de rentrer dans le studio de la Maison de la presse, car elles font toujours l’objet d’une enquête sur la complicité éventuelle dans la tentative de coup d’Etat au Burundi, à l’exception de Rema FM proche du pouvoir, et depuis mercredi 17 juin, de Radio Insanganiro.
Mais de toute façon, les responsables des médias burundais rejettent ce principe. « La synergie, ce n’est pas une fusion de médias, a aussitôt réagiInnocent Muhozi, directeur de Renaissance FM. C’est une mise en commun ponctuelle de moyens de ressources humaines et matérielles pour couvrir un événement donné. Se mettre en synergie des médias qui existent. Il faut qu’on existe, qu’on nous laisse travailler ! Qu’on nous laisse travailler, comme ça on ira dans une synergie ! »
Autre signe que les relations entre les médias privés au pouvoir burundais sont au plus mal, une cinquantaine de journalises ont fui au Rwanda voisin et disent craindre pour leur vie.