Le ministre d’Etat de la justice, Me Cheick Sacko, a promis mercredi au collectif des femmes contre les violences, que la justice prendra ses responsabilités et poursuivra le présumé auteur, en cavale à Abidjan, pour le traquer jusqu’à son dernier retranchement.
Avant la déclaration du ministre d’Etat, c’est Mme Fatou Baldé, une des figures de proue de la société civile guinéenne, qui a dénoncé les violences dont les femmes sont victimes.
« Nous sommes victimes de la pédophilie, du mariage forcé d’une jeune fille de quatorze ans à un vieillards de 70 ans. Nous sommes victimes de la violence avec tous les risques de contamination au VIH et à toutes formes de maladie…. Monsieur le ministre, nous vous demandons tout simplement que la loi soit appliquée. Tous les instruments existent. Le système des nations-unies en Guinée a financé beaucoup de projets jusqu’à mettre en place la police du genre et de la protection des mœurs. Il y a la cellule de cybercriminalité au ministère de la sécurité. Il y a les centres d’écoute financés par les nations-unies, domiciliés au ministère de la justice. Tout ce que nous demandons, est qu’au lieu de faire dormir les instruments qui nous ont coûtés chers à l’implantation, c’est de les faire marcher convenablement…. La Guinée a souscrit à toutes les conventions internationales protégeant les femmes », dit-elle.
En réponse, le ministre de la justice, Me Cheick Sacko, a clarifié la position de son gouvernement. « Chaque fois qu’il y a violence faite aux femmes, il faut absolument que les victimes, les associations des femmes qui aident les victimes, portent plainte auprès du parquet en question voire prendre un avocat pour faire une saisine directe auprès du doyen du juge d’instruction. Aucune plainte ne sera classée sans suite quand ça touche les problèmes de viol ou de violences. Ce qui s’est passé il y a quelques jours, la justice prendra ses responsabilités. Les présumés complices sont tous aux arrêts. Le présumé auteur a pu s’échapper pour la Côte d’ivoire. J’ai donné des instructions hier un mandat d’arrêt international a été lancé. Comme il semble contester les faits, il a une famille et des amis à Conakry. Comme il n’est pas loin, il est en Côte d’ivoire, il faut qu’il vienne de lui-même s’expliquer devant la justice. Parce que s’il ne vient pas, partout où il ira, on ira le chercher. Que cela soit clair. Personne n’est au dessus de la loi dans notre pays. J’ai ici le mandat d’arrêt international, qui a été lancé hier, il y a sa photo sur le mandat d’arrêt international. Il parait que ce monsieur a des relations en Guinée. On ne dit qu’il est coupable mais présumé coupable. C’est à lui de venir s’expliquer devant la justice pour dire qu’il n’a pas violenté cette jeune fille. Et la justice, fera son travail. Donc, si vous le connaissez, conseillez ce monsieur de revenir rapidement en Guinée, de se rendre à la justice. Parce qu’on ira le chercher partout où il sera. Tout cela pour dire qu’on va instituer ce qu’on appelle zéro en ce qui concerne les violences faites aux femmes. Bien entendu, je vais analyser dans les détails le mémorandum. Mais il s’est engagé à la mise en place d’une ligne verte destinée uniquement à alerter les puissances publiques en cas de violences faites aux femmes », a confié Me Sacko au micro de la presse.
« Au nom du gouvernement auquel j’appartiens, nous ne ménagerons rien du tout pour faire éviter les violences faites aux femmes mais surtout de sanctionner toutes les formes de violences. Le rôle de la justice c’est de sanctionner, mais c’est aussi d’anticiper. Cette affaire sera le premier exemple. Je vous demande d’observer les faits à distance. Je n’aime pas la théorie, je préfère l’action. Dans cette affaire où la fille dit qu’elle a été violée, on ira jusqu’au bout quel que soit la supposée protection que la personne accusée et ses complices pourront revendiquer dans ce pays », a-t-il dit.