Le PDG du groupe Bolloré va devoir s’expliquer sur ses activités africaines, à la demande des juges parisiens. Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains. Et obtenir en échange les concessions portuaires.
Une bombe judiciaire. Selon nos informations plusieurs chefs du groupe Bolloré, dont Vincent Bolloré en particulier, vont être prochainement entendus à la demande des juges parisiens dont Serge Tournaire et Aude Buresi, ces derniers habitués des grandes enquêtes politico-financières. En effet, la justice soupçonne la filiale d’avoir financé la campagne électorale des chefs d’Etats africains, qui par la suite lui accorde des concessions portuaires. Deux pays sont dans le collimateur : la Guinée, où Alpha Condé, conseillé par Havas, a remporté les élections, en décembre 2010, puis a éjecté manu militari le concessionnaire du port autonome de Conakry, Necotrans, pour confier le marché à Bolloré. Et le Togo où le président Faure Gnassimbé, qui a lui aussi bénéficié du conseil d’havas a attribué la gestion d’un terminal à conteneur de Lomé à l’industriel français, juste après son élection de 2010.
Le cas du port autonome de Conakry :
C’est une affaire qui avait défrayé la chronique, en Afrique. En mars 2011, tout nouvellement élu, Alpha Condé, envoie la gendarmerie pour déloger le concessionnaire du port, le français Necotrans. Motif : « les investissements promis n’ont pas été réalisés. Et le personnel local n’a pas été formé » soulignait, à l’époque Dominique Lafont, qui dirigeait la Filiale Bolloré Africa Logistics. Il a quitté le groupe en 2014. Une visite du site avait même été organisée pour les journalistes afin de montrer l’état ancien des installations.
Les autorités guinéennes avaient alors attribué le marché à l’entreprise arrivée en deuxième position dans l’appel d’offres, lancé pour la gestion du port : Bolloré. Necotrans avait alors dénoncé un « hold up » et une « éviction arbitraire ». Sans effet. En Août 2017, ce groupe en redressement judiciaire, a même été repris à la barre du tribunal de commerce par Bolloré.
Le dossier a rebondi récemment, de façon incidente suite aux investigations des enquêteurs de l‘office central de lutte contre la Corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
Toutefois, la clé de voûte de ses implantations africaines, des concessions portuaires, connait des signes d’essoufflement, après la conquête des années 2000 à 2015 à cause de la concurrence des Géants Asiatiques. Certes rentables, l’empire africain de Vincent Bolloré est devenu une source d’ennuis.

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