Pour la petite histoire, le 20 mars, le feu président Sékou Touré rentre à Conakry fatigué de son voyage à Alger et Rabat, où il a tenté de régler le différend Alger-marocain sur le Sahara Occidental qui risque de compromettre le succès du 20eme de l’OUA, lequel doit se tenir bientôt dans la Capitale guinéenne. Le 22, au Palais du peuple, il clôt le Congrès des syndicats de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en déclarant, je resterais syndicaliste jusqu’à ma mort. Quelques heures plus tard, Sékou est pris de vomissement et de fortes douleurs. Le lendemain, tous ses rendez-vous sont annulés. Le soir même débarquent à Conakry des médecins que le roi Hassan II, prévenu de l’incident, a dépêchés par avion spécial depuis le Maroc. Ils constatent de sérieux problèmes cardiaques.
Le monarque marocain alerte alors la clinique cardiologique de Cleveland, aux Etats Unis, l’un des établissements les plus réputés au monde. Le 24, des cardiologues venus des Etats Unis délivrent leur diagnostic. Une intervention chirurgicale est impérative. Un avion médicalisé saoudien est affrété pour emmener l’ex président guinée jusqu’à Cleveland. Le chef de l’Etat guinéen, accompagné de quelques proches, s’envole vers les Etats Unis le 25 soir.
Le 26 mars à 15heures, heures locale aux Etats-Unis d’Amérique soit 22 heures à Conakry, le décès de l’homme fort de la Guinée est confirmé. C’est tout un peuple qui est endeuillé.
Né en 1922 à Faranah, Sékou Touré est issu d’une famille mandingue, de type musulman. Scolarisé dès le plus jeune à l’école primaire de Faranah. Par audace et ses idées progressistes, Sékou fut bannie de l’école française sur tout le territoire guinéen par les colons français.
Devenu syndicaliste, très tôt en guinée, comme partout ailleurs en Afrique, le mouvement syndicaliste sera un prolongement des centrales syndicales françaises. Et l’on trouvera ainsi les 3 principales formations syndicales de métropolitaines d’après-guerre :
-la confédération générale du travail (CGT)
-la confédération française des travailleurs chrétiens (CGTC)
– et la force Ouvrière.
Il s’agissait en tout et pour tout de défendre les droits du métier, mais dans le cadre stricte des structures coloniales. La protestation des syndicalistes de la Guinée était réelle, et réelle à travers toute l’Afrique occidentale la sympathie dont ils bénéficiaient au cours de cette grève est devenue maintenant fameuse.
Sékou Touré, secrétaire générale de la CGT, peut se prévaloir du plus fort pourcentage de grévistes sur le réseau Conakry-Niger et il obtint l’arrêt de toutes les activités de la voie ferrée.
Cette renommée ne l’empêchera pas de tâter de la prison politique entre le 11 et le 14 juin 1950. Mais son arrestation, à la suite d’une grève pour l’augmentation du SMIG, provoque une telle émotion populaire que le gouverneur du territoire, Roland Pré, renonce vite a lui faire accomplie sa peine.
Nous y reviendrons

A Toure