Conakry-Guinée : Dans un décret lu hier soir (2 mars) à la télévision nationale (RTG), le chef de l’Etat guinéen, le Pr Alpha Condé, a ordonné l’interdiction des engins roulants datant de plus treize ans sur le sol guinéen. L’application du présent décret prendra effet  à compter du premier jour de la mise en circulation des voitures concernées.
Cette interdiction est plus ou moins appréciée par les professionnels du secteur automobile à Conakry. Ce qui les pousse ainsi à donner leurs avis en vue d’alléger progressivement ce décret présidentiel.
El Hadj Ibrahima Kalil Touré, vendeurs de voitures importées à Nongo, se dit sceptique en ce qui concerne la pérennité dudit décret. « Je pense que c’est une bonne décision en soi, mais ce dont je doute est la pérennité du présent décret. Il arrive souvent que l’application des décrets présidentiels pose problème à la longue. Nous constatons aussi l’irresponsabilité de certains douaniers véreux qui agissent sans pour autant prendre compte l’intérêt public », dit-il.
Dans cette atmosphère contrastée, rare sont ceux qui approuvent cette décision présidentielle. Sachant que le porte-monnaie des Guinéens est en berne depuis très longtemps, lié au faible niveau de vie de la population.
Nourrit par l’ambition d’ouvrir un parc, Sékou Damba, citoyen à Dixinn centre II, interprète ce décret comme contre nature aux réalités socioéconomiques de notre pays. « L’ouverture d’un parc d’automobile à Conakry est dans mes perspectives depuis longtemps. Vu ce qui a été décrété hier soir, c’est un obstacle pour moi. Au regard de mes économies, il serait difficile d’y faire face. Donc cela m’embarrasse à plus d’un », a confié Sékou Damba.
Selon ce client au parc  automobile de Landreah, commune Dixinn, qui a voulu garder l’anonymat, c’est une décision qui n’arrange point les citoyens lambda. « L’Etat guinéen doit uniquement se pencher sur des questions essentielles du développement. Pas sur des choses qui n’ont aucun effet sur le panier de la ménagère. Beaucoup de familles guinéennes vivent sur l’apport de la diaspora qui ne ménage aucun effort pour améliorer les conditions de vie de leurs consanguins à travers cette activité de vente des véhicules d’occasion. Si l’Etat se permet d’interdire cela, il contribuera à réduire encore plus le niveau de vie des populations. Nous devons concentrer notre effort de développement sur la promotion de l’agriculture, la pêche et surtout investir dans l’éducation », s’est-il lâché.
A tort ou à raison, le présent décret interdisant l’importation des véhicules usagers de plus de treize ans en Guinée suscite davantage le débat et va forcément faire pour le bonheur des uns et la frustration des autres.
Amara Touré