Indépendante, il y a 64 ans, la Guinée qui recèle d’énormes ressources naturelles est toujours à la recherche d’un système politique viable et d’un programme crédible de développement. Ce manque de système, entachées de mauvaises pratiques dans la gestion des affaires publiques, amena l’Armée à agir pour mettre fin au vol, au détournement de deniers publics. Ainsi, le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) en 1984, le Comité National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) en 2008 et le Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD) en 2021, devaient agir pour l’intérêt du peuple de Guinée.

Incontestablement les évènements des trois régimes d’Exception et de Transition restent inscrits dans l’histoire de notre pays.

Faut-il rappeler que l’indépendance de la Guinée est acquise en 1958 sous la conduite de Sékou Touré alors vice-président du Conseil de gouvernement. Elu Président de la République, Sékou Touré instaure le régime socialiste à parti unique, le Parti Démocratique de Guinée (PDG). Il meurt en 1984, et le gouvernement intérimaire est rapidement renversé par l’Armée qui porte le Colonel Lansana Conté au pouvoir avec le Comité militaire de redressement national (CMRN). L’économie socialiste est remplacée par le libéralisme économique. Autrement dit, de 1958 à 1984, la Guinée a vécu une période d’immobilisme économique caractérisé entre autres par l’absence totale d’initiative privée. Cette situation a duré jusqu’en 1984. Le changement de régime ainsi intervenu, a réhabilité le guinéen en lui restituant ses droits fondamentaux à la liberté individuelle, collective, à l’initiative. Malheureusement, les cadres du pays, oublieront vite que de nombreuses possibilités s’offraient à eux dans le cadre du développement. Car, tous les services d’assiettes tiraient au flanc au lieu de se mettre au service exclusif de l’administration.

En 1985, Général Lansana Conté propose au peuple de Guinée, une vision, un projet de société et un plan d’action. La vision, était celle d’un Etat efficace au service d’une nation unie et forte ; le projet politique ou la construction d’un Etat de droit d’une société de liberté économique, sociale et politique ou la construction d’un Etat de droit d’une société de liberté économique, sociale et politique d’une administration au service du développement. Enfin le plan d’action qui devait répondre aux enjeux et défis de l’heure.

En clair, le discours- programme du 22 décembre 1985 interpella toutes les couches sociales du pays à réaliser ensemble ce projet, participer à la reconstruction matérielle et rurale du pays.

En 1990, après la conférence de Baule en France, le vent de la démocratie souffle en Afrique. Le Président Conté adhère à ce programme et instaure le multipartisme en Guinée. La première élection démocratiquement a lieu en 1993. Conté est élu démocratiquement président de la République de Guinée. En 1998 et 2003, il brique deux mandats malgré qu’il était complètement affaibli par la maladie. Alors ceux-là qui détenaient le levier du pouvoir dans les mains, s’emploient à modifier la Constitution pour continuer à piller les ressources du pays. Malheureusement le 22 décembre 2008, Lansana Conté décède à l’âge de 74 ans.

L’ERE DU CNDD

Le 23 décembre 2008, suite à l’annonce du décès de Lansana Conté, le Capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête du Comité National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) devient le troisième président de la Guinée. Les institutions nationales sont suspendues et son régime d’Exception et de Transition instauré, en attendant une élection présidentielle transparente et crédible. D’ici là, le CNDD dévoile son programme et s’attaque au travail. En véritable révolutionnaire, voulant imité ses ainés, Moussa Dadis dicte et s’impose sans convaincre. Pourtant dans l’agenda du CNDD, cet homme fort et compagnons, mettent l’accent sur la moralisation politique, la restauration de l’autorité de l’Etat, la justice, la réconciliation…’’L’heure est à la recherche de solutions pour réussir la Transition’’. Et d’ajouter : ‘’Plus de place pour qu’un régime militaire s’éternise au pouvoir’’, déclarait souvent le Capitaine Dadis avec la fougue de la jeunesse. Un de ses combats a été de lutter contre les narcotrafiquants, si bien que la Guinée était devenue à l’époque, la plaque tournante de la drogue en Afrique de l’Ouest. On dénonçait et s’attaquait, sans coup férir, à certains hauts responsables du pays, impliqués dans cette sale besogne. Le camp Alpha Yaya Diallo était le QG du CNDD ou toutes les décisions étaient prises en l’absence d’un programme incohérent.

Mais contre toutes attentes, Capitaine Moussa Dadis, trop autoritaire mais généreux, fini par tomber dans le piège de ses aides-du camp qui ont failli l’exterminer à l’ex-camp du Bataillon de la sécurité présidentielle (Koundara). Atteint à la tête, Capitaine Dadis est évacué au Maroc pour des soins avant de trouver refuge au Burkina Faso. Alors, Général Sékouba Konaté, assure l’intérim et parachève la Transition.

Au cours de ces deux régimes, nombreux secteurs ont enregistré de grandes réalisations comme l’éducation, la santé, le développement rural, le transport pour ne citer que ces domaines. Et malgré d’innombrables actes posés, la gestion de la chose publique n’a jamais été reluisante. Dans un univers où l’intérêt personnel domine et l’emporte sur tout, les volontés de changement restent timides ou inexistantes. Ce qui laisse le champ libre à toute une série de libéralités primant la prévarication, la médiocrité bloquant ainsi le changement. Disons que le laisser aller, l’impunité…ont encouragé le vol, l’enrichissement illicite, la corruption, du gaspillage entrainant la saignée économique. Oui par ce que chacun cherchait à tirer son épingle de jeu. Or, au vu de tous les sacrifices consentis par les populations et du potentiel économique que recèle la Guinée, nous avons tous les droits d’être hissés au rang des pays à revenus intermédiaire. Cette perspective renvoie aux performances économiques mais elle pose le problème de comportement des hommes. Là-dessus, force est de connaitre que le plus grand frein au développement, demeure l’attitude équivoque de la plupart des acteurs. Et le grand défi qui plane sur notre avenir, certainement le plus difficile à relever, c’est la moralisation.

Alors, comment générer des ressources, construire des projets et gérer des programmes quand l’attitude envers le bien public force tous les doutes et soupçons ?  Retenons qu’avec ces deux régimes militaires, la Guinée a perdu des milliards et des milliards de francs guinéens. Ce qui est vraiment dommage pour un pays qui dispose toutes les potentialités naturelles du sol et du sous-sol.

ET VINT LE CNRD

Le 5 septembre 2021, le Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD), sous la direction du colonel Mamadi Doumbouya annonce une nouvelle couleur à la Guinée avec cet autre régime d’Exception et de Transition. La Guinée est donc promise à des lendemains meilleurs si l’on en juge par des déclarations, des engagements et des actions d’envergure engagées par le CNRD et le gouvernement de Transition. En tout cas, tous les efforts tendent aujourd’hui, à sortir la Guinée des difficultés qu’elle a connu, il y a des décennies.

En attendant, le CNRD a présenté un programme ambitieux durant la transition. D’ores et déjà, avec la charte de la transition, tous les organes de transition sont en place. Parallèlement, d’autres institutions comme la CRIEF ont été mises en place pour traquer ceux-là qui continuent de piller nos ressources. Nombre de cadres sont déjà interpellés et épinglés. Dans ce combat irréversible, la Guinée se redressera certes, en tirant un trait rouge sur le passé pour mettre cap sur l’avenir. En cela, les Guinéens fondement l’espoir de voir les organes de transition bâtir les institutions fortes et légitimes en garantissant la mise en place d’un Etat de droit, à moraliser la vie politique, à réorganiser l’administration, à restaurer l’autorité de l’Etat et rompre avec les anciennes pratiques. Dès lors, le CNRD a engagé une vigoureuse action de redressement pour le bonheur des Guinéens. Plus question pour les gestionnaires ou ces commis de l’Etat, de se tromper volontairement de caisses !

Bangoura Ibrahima Sory