Au-delà de son caractère particulier de simple papier journal comme tant d’autres, le journal Horoya reste et demeure pour le commun des mortels tout un symbole dans la lutte pour l’indépendance guinéenne. De par le rôle qu’il a joué, qu’il continue toujours de jouer et qu’il jouera dans les annales de l’évaluation politique, économique et socio-culturelle de la nation guinéenne tout entière, le quotidien national Horoya mérite une attention particulière.

Plus vieux que la plupart des autres quotidiens du continent alors sous domination étrangère, le journal Horoya a connu tout un parcours difficile dû à ses ambitions, surtout à la vision nette et courageuse des hommes et femmes de Guinée qui l’ont patiemment muri et conçu. C’était vers la fin de la deuxième guerre mondiale, bref, les dernières heures de 1945 à mi-1946.

Les idées agencées pour un journal en manuscrit étaient déjà là, pour dénoncer avec courage et détermination les méfaits d’un système d’asservissement, d’oppression et d’exploitation de l’homme par l’homme qui n’avait que trop duré et qu’il fallait bannir contre mille et un sacrifices.

C’est ainsi qu’au démarrage, ces hommes et femmes de Guinée suscités, unis dans un groupe appelé groupe d’études communistes doublés d’un esprit de nationalistes chauvins décide unanimement de créer et de lancer les premiers jets d’un journal papier dénommé ‘’ les phrases de Guinée’’. Les éditions de phrases de Guinée étaient en manuscrits distribuées partout où le besoin se faisait sentir à l’époque.

A cause des critiques acerbes contre l’humiliation des africains et la dénonciation des maux du système colonial, l’envahisseur ménace les initiateurs concepteurs du journal. Mais, ces derniers, plus que jamais décidés et déterminés ne désarment guère et d’ailleurs se remobilisent d’avantage et créent en lieu et place des phrases de Guinée les ‘’ coups de bambou’’. Un autre canard plus virulent à l’égard de la colonisation. C’était vers les années 50.

Est-il besoin de rappeler que jusque-là, il n’y avait pas de radiodiffusion dans nos pays. La naissance de la Radio-banane par exemple remonte aux années 1954-55. Une station Radio dont l’essentiel des émissions était consacré aux mouvements des bateaux transportant les cargaisons de marchandises et des produits notamment les bananes de la Basse-Côte (Forékariah-Benty).

C’est justement dans le sillage du renforcement de la lutte anticolonialiste que les coups de Bambou donnèrent naissance à partir de 1950 à un nouveau titre beaucoup plus évocateur appelé le ‘’Réveil’’.

Bon an mal an, le Réveil contribuera fortement à la conscientisation à travers des meetings d’information et de sensibilisation des masses laborieuses du pays. Il fut emboité par le nom ‘’liberté’’ qui, selon nos informations à battu de l’aile. Car, les différentes activités d’information et d’éducation des masses (toutes ethnies et tous sexes confondus) ont abouti à l’éclatante victoire du peuple de Guinée lors du vote massif du 28 septembre 1958.

C’est ainsi qu’après la proclamation de l’indépendance guinéenne le 2 octobre 1958, les dirigeants d’alors décident, le 18 avril 1961 de donner le nom Horoya au journal. Horoya qui signifie liberté dans nos différentes langues nationales. Comme pour dire que le quotidien national Horoya a bel et bien une histoire et une dimension.

Et, depuis, le journal n’a cessé d’apporter au même titre que la Radiodiffusion Télévision Guinéenne, le drapeau et l’Hymne national sa part de contribution dans l’édification d’une Guinée unie, forte et prospère.

Ibrahima Sory Bangoura