Dans sa marche historique et ascensionnelle, après la souveraineté nationale, la Guinée a connu des moments de gloire, mais aussi de douloureux évènements qui ont d’ailleurs crée un climat de méfiance, d’intolérance, de haine entre les fils d’un même pays. Cette psychose et frénésie ont contribué à la gésine de l’ethnocentrisme, un phénomène de déviation et de division qui a sérieusement affecté nos relations dans nos sociétés. Dommage !

La Guinée de par sa diversité culturelle, a su développer et entretenir son identité nationale à travers ses quatre régions naturelles. Les feux de la fraternité séculaire liant tous les Guinéens, ont contribué à cimenter leurs relations, mettant en relief les valeurs de notre histoire, nos préoccupations communes, ainsi que commandaient l’histoire et la géographie de nos régions. Rien qu’avec la culture si riche et variée, les artistes du pays qui se retrouvaient ensemble à Conakry, lors des festivals nationaux, exprimèrent dans une ambiance festive, l’amour, la fraternité l’unité des Guinéens à travers des pièces théâtrales riches d’enseignements, de folklores tirés du tréfonds de nos villages, de ballets, des ensembles instrumentaux…Des représentations artistiques qui interpellaient tous les fils du pays à l’unisson et au travail.

Sur le plan social, on vivait dans un 99brassage harmonisé où toutes les ethnies se tenaient à la limite du respect et de la considération culturelle et religieuse. La hiérarchie sociale obéissait à la stratification des citoyens en tranche d’âges, en sachant que les vieillards assumaient le rôle de conseil de sages et de façon équationnelle tous les aspects de la vie morale et spirituelle. En tout état de cause, les Guinéens étaient bien liés de par leur organisation, de la Basse côte à la Forêt en passant par le Fouta et la Savane.

Aujourd’hui, la donne a changé parce que cette organisation sociale d’antan, ne cadre plus avec nos façons de faire. Autant dire que de multiples contradictions, des préjugés des uns et des autres sur le comportement des voisins de différentes régions, ont négativement contribué à la division, affectant dangereusement nos relations et l’unité nationale. En 1990, le multipartisme est venu enfoncer le clou. Quelles conséquences !

Combien d’hommes et de femmes, avions-nous perdus pendant les manifestations politiques ? Combien d’édifices et véhicules ont été vandalisés et caillassés ? Des pertes de matériels et divers autres incalculables qu’on ne peut chiffrer. Ce qui est vraiment regrettable.

En clair, il n’est secret pour personne que notre pays vit dans un climat caractérisé par un ethnocentrisme inquiétant. Et quoi qu’on dise, le phénomène est devenu une réalité vivante en Guinée parce que le mal à tendance à s’éternisé A cette réalité, il faut aussi ajouter le tribalisme et le régionalisme, laissant le pays dans un conglomérat de clans, d’ethnies et de tribus. Disons que le phénomène a embrassé tous les secteurs de la vie. Au niveau de l’administration par exemple, l’ethnocentrisme a pris de sérieuses rides liées au favoritisme, au népotisme et au copinage dans les nominations, oubliant des compétences. Bien à ce niveau, les autorités aux commandes ne placent leurs parents ou intimes, à des postes juteux. Ceux-là qui ne pensent qu’à se servir qu’au lieu de servir la nation.

Sur le plan politique, voilà que ces dernières décennies, surtout depuis le début du processus démocratique, les tensions ethniques se sont ravivées. Même un petit incident entre deux personnes innocentes d’ethnies différentes, se transforme rapidement en confrontation souvent inquiétante. Les exemples du genre ne se comptent plus. Avec plus de 100 partis, le multipartisme est intégral et l’on devait en principe crée moins de formation politique comme l’avait suggéré le président Lansana Conté, soit deux partis. Malheureusement, ce message n’a pas été compris.

En revanche, on devait accepter assister à des débats contradictoires, constructifs et fructueux plutôt qu’à des scènes de violence ou de pillage qu’on connait chaque fois qu’il y a manifestation. Certains leaders politiques, sèment l’esprit d’exclusion dans la tête de leurs sympathisants et militants.  Par ailleurs, aucun militant d’une formation politique ne veut écouter le leader d’un autre parti. Une pratique pourtant nécessaire en démocratie.

Entre un pouvoir accusé d’utiliser à satiété, les moyens de l’Etat, au profit d’un parti politique et une opposition désunie et désorientée, les citoyens sont confus et ne savent à quel saint se vouer. Alors nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la réalité du multipartisme guinéen. Or, la démocratie, est un paramètre fondamental dans la gestion des affaires de l’Etat. Autrement dit, la démocratie au pluriel est le reflet des différentes sensibilités politiques ; elle suscite l’émulation et favorise l’alternance du pouvoir dans l’intérêt bien compris des gouvernés.

Alors, avec ces Assises nationales, il serait intéressant d’attirer l’attention de nos gouvernants de mette un mécanisme en place afin de lutter contre toutes formes de déviation et de division dans notre pays. A cet effet, il conviendrait de procéder à un mariage heureux de toutes nos valeurs à nos objectifs de développement en mettant en place une charte de la politique de développement en dégageant les nouvelles fonctions et l’avenir de nos institutions républicaines.

Aussi, il ne serait pas exagéré de montrer l’importance des Assises nationales au de là même des débats que connaitront cette concertation durant les 39 jours. Ceux qui sont attentifs à l’enjeu de ces Assises, connaissent déjà la philosophie de la mission du CNRD : l’urgence de doter notre pays d’outils performants en faveur du développement de la nation avant le retour à l’ordre constitutionnel.

Le jeu vaut la chandelle ; et le comité national des assises ne lésinera certes pas sur les moyens de la réussite de cette concertation dont les recettes seront à coup sûr, inestimables.

Ibrahima Sory Bangoura