Suite à la disparition du premier Président de la Guinée indépendante, le camarade Ahmed Sékou Touré, notre Armée nationale dans les circonstances particulières et sous la conduite du Colonel Lansana Conté, s’est investie pour prendre le pouvoir ce mardi, 3 Avril 1984. Cet acte de haute portée, a été vivement salué par le peuple de Guinée qui aspirait au changement.

‘’ Peuple de Guinée, Dieu le Tout Puissant a rappelé à lui, le Président Ahmed Sékou Touré à 20 heures 23 minutes temps universel, lundi, 26 Mars 1984’’.

Ainsi s’exprimait et annonçait le premier ministre d’alors, Lansana Béavogui avec une voix chevrotante et entrecoupée de sanglots sur les antennes de la voix de la Révolution, la disparition du premier Président de la Guinée indépendante, responsable suprême de la Révolution, le stratège Ahmed Sékou Touré. A Conakry tout comme à l’intérieur et ailleurs, la surprise, la douleur, la consternation furent totale.

Après les obsèques dignes de nom et au moment où le peuple continuait à pleurer l’homme du 25 août et du 28 septembre 1958, les tractations allaient bon train entre éventuels successeurs défunt Président. Disons que le chaos et le règlement étaient à craindre. Mais contre toutes attentes, un groupe d’officiers patriotes et hommes de rang qui étaient aux aguets comme le lion guettant sa proie, s’investit pour prendre les rênes du pays (le pouvoir) pour mettre fin aux différentes tractations. Alors, il est formé un Comité militaire national de redressement (CMRN) qui s’adressa au peuple en ces termes : ‘’Peuple de Guinée, ton armée nationale qui t’est demeurée toujours fidèle et a qui tu as partagé toujours ton sort dans la discipline et l’abnégation pendant 26 années de pèlerinage douloureux, a décidé de prendre en charge l’addition du pi afin de créer les bases d’une démocratie véritable, évitant à l’avenir toute dictature’’.

Ainsi, la Guinée fût sauvée du chaos sans effusion du sang, grâce à la sagesse du Colonel Lansana Conté qui dirigeait la nouvelle équipe de transition.

Ce changement en douceur, a davantage rassuré les Guinéens que Colonel Lansana Conté devait appeler à consolider l’unité nationale.

LES RAISONS DU CHOIX DE CONTE

Ce mardi, 3 avril 1984, un groupe d’officiers, sous-officiers et hommes de rang, ont porté leur choix sur un officier, un de leurs, même si le principe du choix était le plus ancien dans le grade le plus élevé, il se révèle que Colonel Lansana Conté n’était pas le plus ancien dans le grade ni le plus élevé. Alors ?

Il est certain que celui sur lequel s’était porté le choix devait avoir recueilli déjà le suffrage fait à l’unanimité de ses frères d’armes. Il faut parcourir l’histoire de ce qui était à l’époque des années 1970-1980, l’Armée populaire révolutionnaire de Guinée, pour comprendre et apprécier les raisons ou les motivations du choix porté par les artisans du 3 avril 1984 sur la personne du Colonel Lansana Conté.

La grande purge consécutive ou « complot Kaman-Fodéba », avait affaiblie l’Armée guinéenne. Presque tous les Etats-Majors étaient décapités…

La milice populaire et l’installation dans les garnisons des Comités d’Unités Militaires (CUM) avaient fini par faire du soldat, selon une formule de l’époque, un simple militant en uniforme.

L’Armée ‘’dévoyée’’ avait besoin d’un repère, d’une allure martiale chez un officier sans reproche. Ce profil, tous s’accordaient à reconnaître chez le Colonel Lansana Conté. Voilà un 3 avril 1984, un officier à la tête de l’Etat guinéen pour le salut de la République. Patiemment, il s’est employé à restaurer l’image de l’Armée. Par une combinaison dont il obtient le secret, le premier Magistrat du pays, Commandant en Chef des Forces Armées de Guinée, réussi à remettre en équilibre l’Etat tout en consolidant l’esprit de corps et la fraternité d’armes.

ACQUIS DU 3 AVRIL

Faut-il rappeler que le 3 Avril 1984, la Guinée a connu une cassure positive qui replaça le peuple dans le fil de ses espérances du 2 Octobre 1958. Dans ce combat irréversible, notre pays s’est redressé en tirant un trait rouge sur un passé pour mettre cap sur l’avenir. Un concept, une valeur que l’équipe s’est employée à neutraliser.

Ainsi, le 22 décembre 1985, le Chef de l’Etat a proposé un choix de société dans son discours-programme qui restera dans les annales de la 2ème République. Et pour donner un contenu à cette liberté, Lansana Conté engage une campagne référendaire pour la loi fondamentale que les Guinéens adoptent dans leur écrasante majorité. Il engage ainsi le pays dans le processus démocratique jusqu’en 1993, l’année à laquelle la Guinée organisa les premières élections présidentielles. A la tête de l’Etat, il dote le pays de toutes les institutions républicaines et ouvre la voie à la libre entreprise et au travail de la terre, engage une réforme sans précédente du système bancaire et administratif. Dans ce pays où tous les secteurs passaient pour être prioritaires en 1984, des choix judicieux ont permis à tous de se redresser progressivement pour s’affirmer.

Dans cette Guinée d’Avril qui a connu des changements radicaux dans la rizière, sur les routes, dans les communautés rurales, les écoles, centres de santé ou CHU, le transport…. L’on respire à pleins poumons.

Ainsi, comme on pouvait le voir, ces soldats du 3 avril 1984, ont imprimé leurs marques sur l’ensemble du pays à l’allure de la matérialisation, des innombrables projets et programmes.

Et quoi qu’on dise, Lansana Conté a été l’artisan de la démocratie en Guinée. Ce qui revient à dire que nous devons à chaque anniversaire, saluer des œuvres de ces valeureux pionniers du 3 Avril 1984.  

                                                                      Ibrahima Sory Bangoura