Depuis longtemps, le secteur du transport urbain, communément appelé transport en commun, a très peu préoccupé les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays. Hormis le premier régime qui lui, avait créé la société de Transport Urbain de Conakry (TUC), remplacée plus tard par la SOGETRAG (Société Générale de Transports de Guinée), au temps de la deuxième République. Laquelle disparait avant de renaître de ses cendres pour donner la SOTRAGUI, fruit d’un don (100 bus) du gouvernement turc. Certains de ces bus rescapés (parce qu’ayant souvent été pris à partie lors des manifestations), continuent encore à assurer le transport malgré leur vétusté et leur parc réduit. En dépit des efforts fournis par ces régimes successifs, la situation du transport urbain dans la capitale reste encore entière au point qu’on est aujourd’hui en droit de s’interroger si les autorités du secteur se soucient-elles de la mobilité de la population de Conakry qui, pour se déplacer, peine à trouver une occasion.

 Il n’est un secret pour personne que les habitants de la capitale éprouvent beaucoup de difficultés chaque fois qu’ils se déplacent. Car, si l’on connait l’heure de la sortie de la maison, il n’en est pas le cas de celle du retour à la maison. Pour vous en rendre compte, faites un tour au niveau des points des arrêts-bus et autres ronds-points pour constater le nombre de personnes qui y attendent une première occasion. Dès qu’un véhicule s’arrête, ce sont des bousculades sans ménagement. On ne se fait pas de politesse ; les plus forts accèdent en premier aux meilleures places. Les femmes, les vieilles personnes et les moins forts sont relégués en arrière. De pareilles scènes sont récurrentes dans les rues de la capitale. Or, ce genre de spectacles qui n’honorent pas notre pays, peuvent être résolues en injectant dans la circulation, assez de véhicules de transport en commun. Les rares véhicules en circulation communément appelés ‘’Magbana’’, relèvent quasiment du privé qui en fait ce que bon lui semble (surcharge, découpage de tronçons et que sais-je encore ?)   

C’est pourquoi la création d’une société de transport public ou mixte peut à la fois résorber le chômage à travers le recrutement et l’embauche des travailleurs, et surtout soulager les populations dans leurs déplacements. Ainsi, les attroupements aux abords de nos routes surtout à des heures de pointe, pourraient disparaître. Ainsi, élèves, fonctionnaires et autres travailleurs du secteur informel, pourraient voir leurs soucis de déplacement dissipés.

Pour y arriver, il faut une décision politique sans laquelle, le Guinéen lambda sera toujours marginalisé. Car, pendant que certains de ses compatriotes, à cause des fonctions ou postes qu’ils occupent dans l’administration, utilisent des véhicules de l’Etat (parfois plus d’un véhicule pour certains), alors que lui, reste ignoré par ce même Etat qui ne semble également rien faire pour le sortir de la situation dans laquelle il se trouve. En effet, s’il est vrai qu’aucun Etat ne peut satisfaire les besoins individuels de ses populations, il peut ou doit cependant, chercher à améliorer les conditions de vie de celles-ci (populations). Or, parmi ces conditions de vie à améliorer, les moyens de mobilité des citoyens occupent une place privilégiée que l’Etat, sauf négligence de sa part, peut faciliter.

Comme on le voit, se déplacer aujourd’hui à Conakry est tout un calvaire. D’ailleurs, n’eut été l’existence des taxis-motos qui pullulent aujourd’hui dans le transport, la situation serait plus catastrophique pour les passagers. En effet, malgré les tarifs parfois exorbitants qu’ils imposent par tronçon, sans compter les risques d’accidents consécutifs à l’imprudence des conducteurs et à la non maîtrise du Code de la route, les usagers, après une longue attente sans succès, empruntent les taxis-motos. Ce n’est donc pas par gaité de cœur que les usagers montent sur ces engins.

Pendant qu’il est encore temps, nous en appelons les autorités de la transition que nous savons très soucieuses du bien-être de la population, d’inscrire le secteur du transport urbain parmi leurs priorités majeures tout comme les routes, l’eau, l’électricité, etc.

Rien qu’en transport urbain, le salarié de Conakry, pour ne citer que celui-ci, dépense en transport près de la moitié de son salaire. Que dirons-nous des autres évoluant dans le secteur informel ; quand on sait qu’il y’en a certains parmi eux qui vivent au jour le jour ? On peut simplement imaginer qu’ils n’ont d’autre choix que de rester à la maison par manque de transport. Dieu seul sait que nombre de Guinéens tirent le diable par la queue.

Notre souci ici n’est pas d’exposer ou de décrire les souffrances de l’habitant de Conakry. Mais comme tout se tient dans ce monde, on ne peut pas parler de la souffrance de l’habitant de la capitale en faisant fi à la circulation dans laquelle il dépense une bonne partie de ses recettes. Souffrons donc d’accepter ce texte tel qu’il est tout en sachant qu’il est loin d’embrasser tous les points relatifs au secteur du transport urbain à Conakry. Il ne lève qu’un pan sur un certain nombre d’éléments qui persistent dans le transport urbain.

Ibrahima Sory Bangoura