Il y a 13 ans, le stade du 28 septembre a été le théâtre de violente répression militaire entrainant des enlèvements, de séquestrations, de viols et de tueries. Du crime commis dans ce stade lors du meeting de l’opposition pour dire non à la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, en faveur de l’élection présidentielle prévue en 2010. Malheureusement, ce mouvement à tourner au vinaigre, rendant la pelouse du stade en sang. Plus de 150 personnes ont péri dans ce stade historique et 109 femmes violées. Quelle horreur et quelle hécatombe ! Toutefois, ce procès qu’attendaient patiemment les Guinéens, longtemps privés de leurs droits, s’est finalement ouvert ce 28 septembre 2022 devant de hautes personnalités guinéennes et étrangères. Que d’espoir !
Après  13 ans,  le CNRD et son gouvernement réussissent a  organisé ce jugement criminel dont les travaux ont démarré le 28 septembre dernier en présence de hautes personnalités du pays et d’ailleurs. Dans la mire, des centaines de personnes constituées en partie civile, tandis que onze grosses têtes d’anciens responsables militaires et politiques sont dans le box des accusés dont le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte. ‘’Il est temps que les gens acceptent les honneurs et en retour des responsabilités ; si jamais, il y a des dérapages, des violations des droits de l’homme, il faut qu’ils répondent à leurs actes’’, disait Me Halimatou Camara, membre du collectif des avocats.
Pour mémoire, le 28 septembre 1958, a été le jour de l’option ou du référendum gaulliste où les Guinéens ont changé le cours de leur histoire en votant NON à la proposition constitutionnelle française. Ce NON référendaire, voulait accoucher un autre Non pour faire comprendre à Moussa Dadis qu’il n’était pas autorisé, selon le jeu démocratique, de se présenter à l’élection présidentielle de 2010. Ce que le chef de la junte d’alors, n’a pas digéré. Pour lui,  il fallait mater les leaders politiques et leurs militants en utilisant la force. Et cette force, le président Dadis l’a violemment démontré à travers ses hommes lourdement armés, faisant  irruption au stade du 28 septembre en 2009 où les manifestants majoritairement jeunes, ont succombé sous les balles des hommes en uniforme.
Selon le rapport d’une enquête internationale, mandatée par l’Organisation des Nations Unies (ONU), 150 personnes seraient tuées, des blessés graves, d’au moins 109 femmes violées. Ces mêmes  enquêtes ont culpabilité nombre de responsables militaires et civils dont Moussa Dadis Camara.
Treize ans ont donc suffi pour lancer les travaux de ce procès historique, mercredi, 28 septembre 2022 au palais de la Justice ou dans un bâtiment flambant, construit à cet effet.
Au fait, depuis l’indépendance de la Guinée, un tel jugement de masse, ne s’est jamais déroulé dans notre pays. C’est une première pour l’appareil judiciaire guinéen qui doit à tout prix, donné de la crédibilité à ce procès et défendre les mécanismes de droits de l’homme en vue de mettre fin à la culture de l’impunité qui s’était bien implantée en Guinée.
De toute évidence, il est temps que notre justice prouve à la face du monde, qu’elle est capable de jouer seule, son rôle en sa qualité du pouvoir judiciaire. D’où, ces justiciers, devront faire en sorte que les victimes soient rétablies dans leurs droits et que les coupables soient aussi sanctionnés pour que plus jamais, de tels actes ne se reproduisent en Guinée.
Le glas a donc sonné pour les professionnels de la justice, de mettre fin à la parodie ou à la simulation de justice. Ceci exigerait d’eux, de laver des consciences et apporter sans se tromper, le sang neuf ou le souffle nécessaire. Une manière de donner la chance à la justice guinéenne de renaître de ses cendres. Outre, ces défenseurs de droits de l’homme, devront  démontrer aux uns et aux autres que personne n’est au -dessus de la loi.
Dans cette démarche, nos justiciers doivent aussi faire comprendre aux Guinéens, qu’il existe une volonté de rompre avec le passé, l’époque où la vie politique était dominée par des Etats autocratiques à parti unique. Bien à l’époque, les juges ne pouvaient pas prendre position contre leurs gouvernements parce que nommés par les partis au pouvoir. Donc, ils ne risquaient d’être écroulés s’ils s’opposaient à l’action gouvernementale.
Avec ce revers de médaille, les hommes de robes noirs, peuvent maintenant faire pression sur les Etats afin qu’ils relâchent leur emprise sur les tribunaux dont ils se servaient pour commettre des violations généralisées des droits de l’homme. A cette ère de vie, il nous faut des mentalités pour l’émergence d’une société civile dynamique et indépendante à modifier l’attitude des milieux officiels face aux droits de l’homme.
Et dans la dynamique d’une justice pour tous, les professionnels du pouvoir judiciaire retiennent qu’à travers ce procès, l’espoir est permis pour mettre un terme à l’impunité officielle et susciter des changements positifs dans notre pays.
Ibrahima Sory Bangoura