Le directeur  central des Unités d’intervention de la police, le colonel Ansoumane Camara alias Baofé, s’est présenté ce matin devant le tribunal de première instance de Dixinn pour répondre des faits de violation de domicile, menaces et coups et blessure volontaire au préjudice du leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo.

Le colonel est arrivé dans la salle d’audience en compagnie d’un impressionnant groupe de policiers qui a occupé toute la place réservée aux prévenus. À défaut d’avoir où s’asseoir, d’autres policiers ont dû rester debout.

Trop pleine, la salle d’audience a dû refouler du monde. Dehors, quelques six pick-up de police étaient stationnés pêle-mêle des deux côtés de la rue qui mène au tribunal.

Mais pour beaucoup des spectateurs, la montagne a accouché d’une souris. Car cette première audience n’a été consacrée qu’aux débats dans la forme.

Quand Cellou Dalein « tire le diable par la queue »

Le procureur de la République  a requis 500 000 francs guinéens pour la caution. Une somme approuvée par les avocats du prévenu, mais longtemps discutée par leurs adversaires de la partie civile. «Monsieur le président, comme vous le savez, ce n’est pas un procès économique, ni civil […] Actuellement tout le monde tire le diable par la queue. Donc, le montant de la caution fixé à 500 000 par le procureur est trop…», a objecté Me Salif Béavogui, qui a été soutenu par son confrère Me Alseny Aissata Diallo.

La réplique de la défense n’a pas tardé. Me Mory Doumbouya a estimé que cette somme est d’ailleurs dérisoire pour une partie civile comme Cellou Dalein Diallo, « qui est chef de file de l’Opposition et qui aspire à la magistrature suprême du pays.»

« Il y  a des citoyens ordinaires qui payent plus que les 500 000 francs guinéens ici. Ce n’est pas Cellou Dalein qui ne pourra pas le payer. L’argument de la partie civile ne tient donc pas », a répliqué Me Mory Doumbouya.

Revenant à la charge, Me Béavogui insistera en réitérant que 500 000 francs guinéens c’est trop.  « Cela fait le prix de deux sacs de riz », a soutenu l’avocat, sourire aux lèvres.

En intervenant dans ce tiraillement entre défense et partie civile, le juge Magadouba Sow a voulu « apolitiser» le débat. « Ce n’est pas le moment de dire que tel est chef de file de l’Opposition. Il s’agit d’un procès de citoyens comme tout autre », a dit le juge, avant de valider la proposition du procureur.

La caution dictée, il fallait trouver une date consensuelle pour le renvoi. La défense propose d’abord un renvoi à la quinzaine. Mais il se trouve que cette date tombe sur la période de congé du juge Magadouba Sow. Ce dernier, n’ayant pas pris de congé l’année dernière,tient à jouir de son moment de repos cette année. Il voulait surtout le passer auprès de sa vieille maman à « Kankanlabé » dans Mamou.

C’est ainsi que la date du 29 juillet a été décidée contre la volonté de Me Mory Doumbouya qui trouve que cette date est proche des élections présidentielles auxquelles vont participer les parties.L’une, en tant que candidat de l’UFDG et l’autre en tant que l’un des responsables de la force devant sécuriser ces élections.

Pour le juge Sow, même s’il faut tenir ce procès à la veille du scrutin, on le tiendra. Car, « ce procès est comme tout autre, il n’a rien de politique.»